Nicole Pigeot

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np_id_photoNicole Pigeot

Professeure émérite – Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Adresse professionnelle
Institut d’Art et archéologie
3 rue Michelet, 75 006
Nicole.Pigeot@univ-paris1.fr

 Thèmes de recherche

  • Magdalénien, Étiolles, Bassin parisien, sites de plein air, palethnologie
  • Technologie /chaînes opératoires, paléosociologie,
  • Technologie, « fait social total », approche systémique et modélisation
  • Savoir, savoir-faire, apprentissages, normes /variabilité, cognition
  • Patagonie australe
Étiolles, 1972 Premières fouilles

Étiolles, 1972 Premières fouilles


Parcours et principaux domaines de recherche

Le site magdalénien d’Étiolles et son potentiel heuristique

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La difficulté des techniques laminaires appliquées aux très grands matériaux en silex local d’Etiolles.

Ma carrière scientifique a débuté à Étiolles en 1972, avec Yvette Taborin et Monique Olive, lors de la première fouille de sauvetage de ce site magdalénien si remarquable qu’il a suscité une véritable heuristique autour de la technologie. Popularisée sous la forme métaphorique de la « chaîne opératoire », elle se révéla le catalyseur des démarches palethnologiques initiées par Leroi-Gourhan, à l’origine de notre laboratoire. Étiolles était en cela un cadre idéal par (1) ses habitations diversifiées, structurées et bien conservées, (2) ses ressources lithiques aux dimensions hors normes, (3) le savoir-faire exceptionnel que les Magdaléniens durent élaborer pour adapter leurs traditions de débitage à l’extraction en série de lames en silex de plus de 20 à 30 cm, (4) la nécessité d’un apprentissage des jeunes à cette technique hautement difficile (et qui laisse des traces archéologiques), (5) un espace social signifiant structuré par les activités domestiques de chacun et les traditions du groupe…..

Les premières recherches que j’ai conduites dans les années 80 à partir de l’unité U5 (Pigeot 1983, 1987) ont posé le potentiel d’une approche sociale, mais ce sont les nombreuses occupations étudiées par toute les équipes du Bassin parisien, jusqu’à la plus récente d’Étiolles, l’unité Q31 (Pigeot 2004), qui ont confirmé la faisabilité, et l’intérêt scientifique, d’une paléosociologie (qui sera couplée à une paléohistoire par Boris Valentin – 2008).

Cette approche théorique et méthodologique allait devenir le fil rouge de mes recherches en préhistoire.


 La technologie et son rôle épistémologique

Un modèle d’espace social sur l’un des sols d’habitation d’Etiolles (l’unité Q31)

Un modèle d’espace social sur l’un des sols d’habitation d’Etiolles (l’unité Q31)

La technologie est donc apparue comme le socle des recherches sur les sociétés préhistoriques. Appréhendée dans le cadre du « fait social total » et, plus globalement, du cadre systémique auquel il appartient (mettant en jeu l’imbrication interactive des systèmes techniques, sociaux, symboliques et biologiques), elle s’est offerte comme un axe d’exploration fructueux de la société préhistorique. Outre la modélisation paléosociale qui est son objectif, elle ouvre parallèlement la voie au champ cognitif qui, en retour éclaire les comportements sociaux (Pigeot 1991, 1992). Ainsi, la maîtrise des compétences techniques nécessite l’apprentissage du savoir culturel et d’un savoir-faire parfois d’une grande complexité. Les études des processus techniques permettent alors d’entrevoir les relations entre cognition individuelle et cognition sociale. C’est la société qui édicte les lois collectives et les statuts, mais ce sont les individus, les acteurs, qui les appliquent (Pigeot 2011). Cette dialectique fonde la modélisation sociale et culturelle des groupes préhistoriques étudiés.


Recherches en Patagonie australe : les techniques de taille les indiens « canoeros ».

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Recherche des normes de débitage face à la variabilité des algorithmes (Ponsonby, Patagonie australe, Chili).

Il s’agit du deuxième axe principal de mes recherches depuis les années 90. Mes missions sur les sites de Punta Baja, Bahia Colorada et Ponsonby (Chili), m’ont permis de mener une analyse comparative des matériels lithiques anciens dans des contextes sociaux différents et d’envisager une réflexion sur le rôle de certains marqueurs culturels chez les nomades marins des archipels et des chasseurs de la pampa patagonique au IVème millénaire BC.

 

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Principales publications

Étiolles, technologie, savoir-faire, apprentissages, paléosociologie, systèmes….

PIGEOT N. 1983, Les Magdaléniens de l’unité U5 d’Étiollles : étude technique, économique, sociale par la dynamique du débitage, Thèse de troisième cycle, univ. de Paris I, 3 vol, 288 p. et 113 p., 25 plans hors-texte (publié en 1987).

PIGEOT N. 1986, Apprendre à débiter des lames : un cas d’éducation technique chez des Magdaléniens d’Étiolles. BSPF, 83, pp.67-69.

PIGEOT N. 1987, Magdaléniens d’Étiolles : économie de débitage et organisation sociale.  XXV° suppl. à Gallia Préhistoire, CNRS, Paris, 168 p

PIGEOT N. 1987, Eléments d’un modèle d’habitation magdalénienne (Étiolles). BSPF, Etudes et Travaux, T. 84, 10-12, Hommage de la SPF à A. Leroi-Gourhan, pp. 358-363.

PIGEOT N., Cl. Karlin 1989, Chasseurs-cueilleurs magdaléniens. L’apprentissage de la taille du silex. Le Courrier du CNRS, 73, sept. 1989, dossiers scientifiques, CNRS, pp. 10-12.

PIGEOT N. 1990, Technical and social actors in Prehistory. Flintknapping specialists and apprentices at Magdalenian Étiolles. Archaeological Review from Cambridge, 9 : 1, « Technology in the Humanities », Cambridge, pp.126-141.

PIGEOT N., Philippe M., Le Licon-Feniou G., Morgenstern M. 1991, Systèmes techniques et essai de technologie culturelle à Étiolles : nouvelles perspectives. In : C.R.A. (éd.), 25 ans d’études technologiques : bilan et perspectives, CNRS, XIè Rencontres d’Archéologie et d’Histoire d’Antibes, 25 ans d’études technologiques en préhistoire, octobre 1990, APDCA, Juan-les-Pins, pp. 169-185.

Olive M., PIGEOT N. 1992, Les tailleurs de silex magdaléniens d’Étiollles : vers l’identification d’une organisation sociale complexe, in : Menu M., Walter P. (éd.), La pierre préhistorique, Séminaire du Laboratoire de Recherche des Musées de France (13-14 décembre 1990), p. 173-185.

PIGEOT N., Valentin B., 2003, Les chronologies de la préhistoire dans le bassin parisien au Tardiglaciaire : acquis récents, questions et bilan.  Colloque du Centre européen de Ravello (co-organisatrice) : « Chronologies géophysiques du Paléolithique supérieur, » (mai 1994), Widemann François, Taborin Yvette (dir., p. 327-344.

PIGEOT N. dir. 2004, Les derniers Magdaléniens d’Étiolles : perspectives culturelles et paléohistoriques.  Paris, Gallia-Préhistoire. XXXVIIème  supplément, CNRS, Paris, 351 p.

PIGEOT N. 2004, L’apport de Q31 dans l’élaboration de modèles culturels : de la palethnologie à la paléohistoire. In : N. Pigeot (dir.), Paris, Gallia-Préhistoire. XXXVII supplément, CNRS : 255-266.

PIGEOT N. 2004, Le débitage laminaire et lamellaire : options techniques, finalités économiques et sociales. In : N. Pigeot (dir.), Paris, Gallia-Préhistoire. XXXVII supplément, CNRS : 65-106

PIGEOT N. 2010, Éléments d’une organisation sociale magdalénienne à Étiolles. Du savoir-faire au statut social des personnes, in : Zubrow E., Audouze F., Enloe J., eds., Unraveling Domesticity, Albany : SUNY press (Distinguished Monograph Series 1), p. 198-212.

Fait social total, épistémologie, cognition….

PIGEOT N. 1991, Réflexions sur l’histoire technique de l’homme : de l’évolution cognitive à l’évolution culturelle. Paléo, 3 : 167-200

PIGEOT N. 1992, Entre Nature et Culture : valeur heuristique de la technologie lithique par des approches systémiques et cognitives, mémoire d’habilitation à diriger les recherches, université de Paris I.

Karlin C., Bodu P., PIGEOT N., & Ploux S. 1993, Some socio-economic aspects of the process among groups of hunter-gatherers of the Paris-Basin area. In : A. Berthelet & J. Chavaillon (eds.), The Use of Tools by Humans and Non-human Primates, Symposium of the Fyssen Fondation (25/29 nov 1988, Versailles), Oxford : 318-340.

PIGEOT N. 2007, Le processus laminaire : une réalité controversée., 6-7 avril « Approche technologique comparée du phénomène laminaire au Paléolithique moyen et supérieur en Eurasie » Table ronde, avril 200, Les Eyzies, dir. Teyssandier et A . Delagnes.

PIGEOT N. 2011. Chaînes opératoires : contexte théorique et potentiel cognitif. In: Treuil R. (éd.) L’archéologie cognitive, Cognitisme, p. 149-171. Paris: Maison des Sciences de l’Homme.

Patagonie australe

PIGEOT N. 1990, L’industrie sur obsidienne : les techniques de taille. In : Legoupil D. (éd.), Punta Baja : approche ethno-archélogique d’un campement de nomades marins en Patagonie, Editions Recherches sur les Civilisations de l’ADPF.

PIGEOT N. 1997, L’outillage sur galet de Bahia Colorada. In : Legoupil D. (éd.), Bahia Colorada, les chasseurs de mammifères marins préhistoriques de l’ile d’Englefield. Editions Recherches sur les Civilisations de l’ADPF.

PIGEOT N., V. Schidlowski, 1997 – L’équipement en pierre taillée. In : Legoupil, Bahia Colorada (île d’Englefield), les premiers chasseurs de mammifères marins de Patagonie australe. ERC, ADPF, p. 76-135.

PIGEOT N., V. Schidlowski, 1997, La gestion de l’obsidienne à Bahia Colorada. In : Legoupil D. (éd.), Bahia Colorada, les chasseurs de mammifères marins préhistoriques de l’ile d’Englefield. Editions Recherches sur les Civilisations de l’ADPF.

PIGEOT N. 2002, Économie de la taille de la pierre à Ponsonby (Patagonie – Chili). In : Legoupil (dir.), Les chasseurs-cueilleurs de Ponsonby et leur environnement du VIè au IIIè millénaire. Anales del Instituto de la Patagonia, vol. 30, serie Cs. Hs., Punta Arenas.

Legoupil D., PIGEOT N., 2009, Les grandes pointes foliacées type « Ponsonby » : un traceur culturel en Patagonie australe. Journal de la Société des Américanistes, p. 7-32.


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