Les bitumes archéologiques : exploitation et façonnage au Proche-Orient ancien du milieu du VIe au IIIe millénaire av. J.-C.

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Émilie Badel, Thèse doctorale en cours

Le programme de recherche sur les bitumes archéologiques au Proche-Orient ancien a pour objectif d’approfondir la question du développement des utilisations identifiées en Mésopotamie, au Khuzestân et sur la côte orientale de la Péninsule Arabique, et de caractériser la variété de savoirs techniques qui s’est développée dans ce vaste cadre géographique du milieu du VIe au IIIe millénaire av. J.-C.

Les bitumes furent notamment utilisés comme imperméabilisant et comme colle dans de nombreux artisanats (dont l’industrie lithique, la vannerie et la céramique), pour la réalisation d’ouvrages architecturaux,  dans la batellerie, ainsi que pour sculpter ou modeler des objets de la vie quotidienne. Ils sont ainsi des témoins privilégiés d’activités humaines très diversifiées. Chaque utilisation témoigne d’un cadre technique et d’un savoir-faire qui varient selon les régions étudiées au cours du temps. La sélection du matériau utilisé (liquide, visqueux, solide) a également joué un rôle dans la nature de son exploitation. On est en mesure de démontrer des innovations, tournants techniques, adaptations et développements des savoirs-faire issus d’interactions interrégionales décrites par la diffusion même du matériau à longue distance dans le cadre géographique étudié. Débuté en 2008, ce projet consiste donc en une étude délibérément axée sur la relation entre l’homme et la matière. 

L’objectif du projet est :

  • de synthétiser les découvertes réalisées en fouilles (anciennes et récentes) dans le cadre géographique étudié qui comprend environ 80 sites et de répertorier dans une base de données objets et fragments bitumés décrits dans les sources bibliographiques.
  • d’apporter un éclairage sur le façonnage des bitumes en étudiant les contextes de découverte et les associations avec d’autres objets de la culture matérielle et structures qui pourraient être liés à leur transformation (fours, pilons, etc.).
  • d’identifier des artisanats (questions d’apparition, de développement, de transmission, et d’abandon).

Ce projet ne se base pas uniquement sur un bilan des recherches archéologiques réalisées jusqu’à présent. Il intègre également l’étude des données textuelles disponibles en Basse Mésopotamie dès le milieu du IIIe millénaire av. J.-C. Elles ont été étudiées à deux reprises par G. Pétrequin en 1989 et G. Damoun en 2013. Les documentations concernant l’ethnoarchéologie et l’expérimentation sont quant à elle régulièrement renouvelées. Leur utilisation, avec les précautions nécessaires qui seront prises concernant toutes analogies non pertinentes, permet de développer de nouvelles pistes de recherche. Il s’agit donc de s’attacher à fonder notre recherche sur des données pluridisciplinaires

Les recherches engagées comprennent également des études de collections issues de différents programmes réalisés dans les régions mésopotamiennes, iraniennes et arabiques. Dans le cadre de ces études, on procède à la réalisation de bases de données, agrémentées de documentation graphique et photographique, et à un échantillonnage raisonné des mélanges bitumés pour de futures études en laboratoire afin d’en déterminer les compositions détaillées. Ces études de collections ont débuté en 2008 et se poursuivent actuellement.

 

 

 

 


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