Séminaire Iconographie animale : questions de méthode et d’historiographie 2022-2023

Le séminaire Iconographie animale : questions de méthode et d’historiographie, aura lieu cette année uniquement au premier semestre, les 21 septembre, 5 et 26 octobre, 10 et 23 novembre et 14 décembre, à l’École Normale Supérieure, salle Beckett, de 18h à 20h.

 

 

 

 

 

 

 

Programme de la séance du 5 octobre

Laetitia Phialon,

Chercheuse associée au laboratoire ArScAn (UMR7041, équipe Protohistoire égéenne)

« Réflexions sur les représentations animales dans les chasses mycéniennes : entre prestige, sacré et altérité »

La chasse est un thème fréquemment représenté en Grèce mycénienne, au cours du Bronze Récent (c. 1600-1100 av. J.-C.). Que les scènes de chasse ornent des stèles, des poignards, des sceaux, des peintures murales, des céramiques ou d’autres supports, les animaux chassés ou ceux qui chassent apparaissent là en action. Les lions sont prédateurs. Les proies, des animaux sauvages comme des cerfs ou des sangliers, sont poursuivis et attaqués, le plus souvent, par des hommes armés, accompagnés parfois de chiens, à pied ou sur un char tiré par des chevaux. La présence de certains animaux et leur association dans les scènes de chasse varient toutefois selon leur support et leur contexte. Cette variabilité iconographique mérite d’être discutée plus en détail dans cette présentation, d’être interprétée en termes d’identité culturelle et sociale. Est-il possible de distinguer les chasses mycéniennes des chasses minoennes ? Quels animaux impliqués dans des chasses sont le plus révélateurs de prestige ? Un examen de la documentation montre que les chasses mycéniennes ne se limitent pas à la représentation de poursuites ou de combats, mais peuvent inclure des épisodes solennels à l’époque des palais. Cette présentation sera aussi l’occasion de découvrir que le prestige et le sacré sont deux notions proches en Égée de l’Âge du Bronze, non seulement en regard des animaux étudiés, auxquels on ajoutera le taureau, mais aussi selon le cadre dans lequel les chasses ont lieu. Enfin, si la chasse invite à une meilleure connaissance du territoire et à l’appropriation d’un milieu sauvage réel, elle peut aussi se dérouler dans un monde liminal pénétré de griffons, dont les images requièrent toutefois un retour sur les îles égéennes.

 

Présentation générale du séminaire :

Le but de ce séminaire est de réfléchir en commun sur les questions de méthode spécifiques que peut poser l’étude de l’iconographie animale ; ces questions de méthode se laisseront difficilement séparer de considérations historiographiques.

Les images d’animaux constituent un ample ensemble documentaire, présent sur différents supports et remplissant des fonctions multiples. Produites dans des contextes chronologiques et culturels variés, ces représentations ont été soumises à des lectures et à des analyses relevant de méthodes et de traditions d’étude différentes. Cette diversité d’approches s’explique également par le fait que les représentations animales peuvent être étudiées à partir d’horizons disciplinaires différents (histoire, histoire de l’art, philologie, anthropologie, archéologie et archéozoologie). Le but du séminaire est d’organiser le dialogue entre disciplines et spécialités d’étude autour de la figure de l’animal et des problèmes de représentation que ce dernier ne manque pas de poser.

Pour fournir un cadre sommaire à la discussion, on peut rappeler certaines des grandes questions qui sont liées à l’iconographie animale :

– représenter ou non les animaux : un choix culturel

– le statut anthropologique des images et des artefacts qui leur servent de support

– le choix des animaux représentés : composition du répertoire iconographique et sélection du bestiaire (la perspective peut être synchronique comme diachronique)

– la place de l’animal dans l’image : dans quel contexte et dans quel type d’image représente-t-on une figure animale ? quelle est la fonction de la figure animale dans l’image, quel est son statut ? est-elle reléguée au rang de motif, ou occupe-t-elle une place hiérarchiquement centrale ? est-il légitime d’isoler les représentations animales ? quelle est l’unité pertinente pour l’analyse iconographique ?

– les voies de la représentation des animaux : comment un animal est-il représenté ? quels sont les traits retenus qui permettent son identification, et à quel niveau taxonomique ? quelles sont les habitudes et les conventions iconographiques de la représentation des animaux dans une société donnée, ou plus précisément sur tel ou tel objet, dans tel ou tel type de contexte ? quels sont les modèles, comment circulent-ils ? quelles sont les modes figuratives, comment évoluent-elles ? les animaux sont-ils représentés de façon « réaliste » et naturaliste ?

– est-il pertinent de concevoir un ou des outils collaboratifs entre disciplines et traditions d’étude pour aider à l’analyse des images d’animaux ? quelle forme pourraient prendre ces outils ?

Telles sont certaines des questions qui pourront être discutées à l’occasion de ce séminaire.

Organisation : Jean Trinquier (ENS, UMR8546, AOROC)

Stavros Lazaris (UMR8167- Orient&Méditerranée, équipe «Monde byzantin »)

Marlène Nazarian-Trochet (UMR7041 – ArScAn, équipe ESPRI-LIMC)

Margaux Spruyt (UMR8167- Orient&Méditerranée, équipe « Antiquité tardive »)

Programme à télécharger: Septembre 21 2022 Affiche programme Iconographie animale (1)_compressed

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