Sylvain SORIANO

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 Sylvain SORIANO

  • Directeur de Recherche au CNRS
  • HDR de l’Université Paris Nanterre
  • Docteur de l’Université Paris X – Nanterre
  • Directeur-Adjoint de la revue Paléorient
  • Membre de la Société préhistorique française (SPF) et de la Société des amis du musée national de préhistoire et de la recherche archéologique (SAMRA)
  • E-mail : sylvain.soriano@cnrs.fr
  • Tél. : 01.46.69.26.26
  • Page Academia
  • ORCID : https://orcid.org/0000-0002-4288-9763

 

Mots-clefs

Paléolithique moyen, France, Pays-de-la-Loire, Bourgogne, Italie centrale, Chronologie culturelle, Industries lithiques, Techno-complexes lithiques, Peuplement

Parcours

  • Depuis 2016 : Directeur de recherche CNRS
  • 2015 : Habilitation à diriger des recherches, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
  • Depuis 2014 : Direction de la fouille du site de Roc-en-Pail (Maine-et-Loire), Paléolithique moyen et supérieur
  • 2011-2015 : Co-direction avec P. Villa d’un programme de recherche US-NSF : Stability and change in Neandertal technology from MIS 9 to MIS 3 in Central Italy
  • 2006-2008 : Participation au programme de recherche US-NSF (dir. P. Villa), Technological shifts in the Middle Stone Age of South Africa
  • 2004-2005 : Participation au programme de recherche US-NSF (dir. P. Villa), Alternative pathways to behavioral modernity
  • 2003-2011 : Direction de la Mission archéologique française d’Ounjougou (Mali)
  • 2002-2016 : Chargé de recherche CNRS
  • 2000 : Docteur en Préhistoire de l’université de Paris 10 – Nanterre

Thèmes de recherches

  • Stabilité et changements techniques dans le Paléolithique moyen d’Italie centrale (Latium)

Ces recherches sur le rythme des changements techniques dans le Paléolithique moyen de la région de Rome sont menées en codirection avec Paola Villa (University of Colorado Museum) et ont bénéficié d’un support financier US-NSF. Il est réalisé en collaboration avec des chercheurs  d’institutions italiennes (Giovani Boschian, Fabrizio Marra, Salvatore Milli, Margherita Mussi, Maria Rita Palombo, Luca Pollarolo, Carlo Tozzi et Silvana Vitagliano), australiennes (Rainer Grün, Zenobia Jacobs, Fang Fang), françaises (S. Nomade, A. Pereira, J.-J. Bahain) et britannique (Catherina Douka).

La capacité à développer des innovations techniques est largement reconnue comme une des prérogatives de comportements « modernes ». Il est ainsi habituel de considérer que le rythme du changement technique est plus rapide au Paléolithique supérieur qu’au Paléolithique moyen et ce plus haut degré de variation technique est vu comme un des effets de la dispersion de l’Homme moderne.

Pour tester la véracité de ce modèle, nous avons retenu une région d’Italie centrale, le Latium, qui présente deux particularités. D’abord toutes les industries lithiques sont confectionnées sur la même matière première, sous la forme de petits galets de silex, ce qui élimine un des facteurs de variabilité habituellement mis en avant. Ensuite, la quasi-totalité des industries du Paléolithique moyen de la région sont dénommés Proto-Pontinien et Pontinien dans la littérature, laissant augurer d’une faible variabilité et d’un certain degré de continuité technique.

Schéma diacritique et dessin d’un Nucléus Levallois de l’industrie lithique du Paléolithique moyen ancien de Torre in Pietra, niveau d’Italie). Extrait de Villa et al. 2016, PLos ONE, 11(8), fig. 25.

Nous avons ainsi entrepris l’étude d’assemblages lithiques issus de neuf sites de cette région se distribuant depuis la fin du Paléolithique ancien au début du Paléolithique supérieur, soit sur plus de 250 000 ans, afin de documenter la nature et le rythme des changements techniques au Paléolithique moyen : Castel di Guido, Torre in Pietra, Sedia del Diavolo, Monte delle Gioie, Grotta dei Moscerini, Grotta del Fossellone, Grotta Guattari, Grotta Sant’Agostino et Grotta Barbara. L’idée prégnante dans la littérature d’une stase technique chez les Néandertaliens n’a jamais été évaluée sur une telle profondeur temporelle.

L’acquisition des données primaires, de 2011 à 2014 incluait aussi des interventions ponctuelles sur le terrain pour raviver des coupes à Torre in Pietra, Grotta Guattari et Grotta del Fossellone  pour prélever des échantillons pour datations 14C, OSL, ESR/U-Th et Ar/Ar afin de confirmer le degré de continuité chronologique entre les séquences de ces sites.

A Torre in Pietra, l’équipe a pu préciser la chronologie de ce site majeur, dont les vestiges fauniques et lithiques des deux unités archéologiques sont inclus dans des couches de graviers fluviatiles de terrasses emboitées du Pléistocène moyen. La couche m, avec une industrie de l’Acheuléen techniquement très proche de séries françaises contemporaines, est datée de la fin du MIS 10 tandis que la couche d, qui se place au début du MIS 7, livre quant à elle une industrie du Paléolithique moyen ancien, avec un débitage Levallois récurrent unidirectionnel parallèle / centripète particulièrement typique et une boite à outils dominée par les racloirs. Sa structure technique est finalement très proche de celles des industries moustériennes anciennes françaises comme Vaufrey couche VIII/VI. Les deux industries ont toutefois en commun le façonnage de petit outils directement sur galet, non normalisés (racloirs et denticulés) et ce trait pourrait être partagé par la plupart des industries du corpus.

  • Roc-en-Pail : Une séquence stratigraphique de référence pour le Paléolithique moyen du Centre-Ouest de la France

Roc-en-Pail (Chalonnes/Loire) est un site paléolithique du Maine-et-Loire dont j’ai entrepris la fouille et l’étude depuis 2014, avec de multiples collaborateurs. Découvert fortuitement en 1870 dans le cadre de l’exploitation d’une carrière de calcaire, le site de Roc-en-Pail a très tôt attiré l’attention des préhistoriens de la région. Il faudra pourtant attendre le milieu du 20e siècle pour que des recherches plus systématiques soient entreprises entre 1943 et 1969 par le Dr. Michel Gruet. En dépit de l’imposante collection constituée lors de ces fouilles – plus de 30 000 objets, faune et industrie -, les publications concernant Roc-en-Pail restent peu nombreuses et soit préliminaires, soit très synthétiques.

Dans l’état actuel des connaissances, Roc-en-Pail est un site de plein-air dont les multiples occupations paléolithiques (Paléolithique moyen et, dans une moindre mesure, supérieur) sont préservées dans des dépôts accumulés au pied du versant d’un coteau calcaire, ce dernier ayant totalement disparu au cours du 19e siècle du fait de la carrière. La configuration lors des occupations devrait être assez proche du site de Jonzac (Charente). La chronologie des dépôts est entièrement hypothétique mais certaines couches archéologiques ont été rapportées par le Dr. Gruet à des faciès moustériens (dont le Moustérien de type Quina) dont la chronologie est connue dans le Sud-Ouest de la France. L’essentiel des occupations prend possiblement place entre le Début glaciaire weichsélien et le Pléniglaciaire supérieur. Avec des faunes et microfaunes possiblement conservées dans toutes les couches archéologiques, et une stratigraphie qui se développe sur presque 5 mètres d’épaisseur, Roc-en-Pail présente un potentiel majeur pour la connaissance du Paléolithique moyen.

Précédés par l’étude des deux carnets de fouille du Dr. Gruet, les sondages effectués en 2014, ont permis de retrouver partiellement les limites des fouilles anciennes et d’élaborer un projet de fouille triennal qui a débuté en 2016. La richesse du site s’est rapidement confirmée : la faune est conservée dans toutes les couches archéologiques, accompagnée d’une abondante microfaune. Sans surprise, la stratigraphie est apparue bien plus complexe que les relevés et descriptions du Dr. Gruet ne le laissaient supposer. La géométrie de la partie supérieure des dépôts, leur nature et les observations géomorphologiques suggèrent une dynamique de type dépôts de versant.

La poursuite des recherches devrait éclairer la stratigraphie, la chronologie et la nature des occupations du site de Roc-en-Pail et ouvrir sur le peuplement du Centre-Ouest au Paléolithique moyen. Les recherches de terrain ont été subventionnées par la DRAC Pays-de-la-Loire et, en 2016, par la Fondation Mécène & Loire.

Vue d’une partie des dépôts du site paléolithique de Roc-en-Pail (Chalonnes-sur-Loire, Maine-et-Loire) à l’issue de la fouille 2016. Photo S. Soriano

Principales publications

  • Articles

CHEVRIER B., HUYSECOM E., SORIANO S., RASSE M., LESPEZ L., LEBRUN B. et TRIBOLO C. (sous-presse) – Between continuity and discontinuity: An overview of the West African Paleolithic over the last 200,000 years, Quaternary international.

VILLA P., SORIANO S., GRÜN R., MARRA F., NOMADE S., PEREIRA A., BOSCHIAN G., POLLAROLO L., FANG F. et BAHAIN J.-J. (2016) – The Acheulian and Early Middle Paleolithic in Latium (Italy): Stability and Innovation, PLoS ONE, 11, 8, p. e0160516. doi: 10.1371/journal.pone.0160516

SORIANO S., VILLA P., DELAGNES A., DEGANO I., POLLAROLO L., LUCEJKO J.J., HENSHILWOOD C.S. et WADLEY L. (2015) – The Still Bay and Howiesons Poort at Sibudu and Blombos: from artifacts to cultural entities, PLoS ONE, 10, 7, e0131127. doi: 10.1371/journal.pone.0131127

TRIBOLO C., RASSE M., SORIANO S. et HUYSECOM E. (2015) – Defining a chronological framework for the Middle Stone Age in West Africa: comparison of methods and models for OSL ages at Ounjougou (Mali), Quaternary Geochronology, 29, p. 80-96. doi: 10.1016/j.quageo.2015.05.013

SORIANO S. et HUYSECOM E. (2012) – Lithic industry as an indicator of ceramic diffusion in the Early Neolithic of West Africa: A case study at Ounjougou, Journal of African Archaeology, 10, 1, p. 85-101. doi: 10.3213/2191-5784-10212

RASSE M., TRIBOLO C., SORIANO S. et HUYSECOM E. (2012) – Premières données chronostratigraphiques sur les formations pléistocènes de la « falaise » de Bandiagara (Mali, Afrique de l’Ouest), Quaternaire, 23,1, p. 5-23. doi: 10.4000/quaternaire.6163

VILLA P., SORIANO S., TSANOVA T., DEGANO I., HIGHAM T., D’ERRICO F., BACKWELL L., LUCEIKO J.L., COLOMBINI M.P. et BEAUMONT P. (2012) – Border Cave and the beginning of the Later Stone Age in South Africa, Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 109, 33, p. 13208-13213. doi: 10.1073/pnas.1202629109

VILLA P., SORIANO S., TEYSSANDIER N. et WURZ S. (2010) – The Howiesons Poort and MSA III at Klasies River Main Site, Cave 1A, Journal of Archaeological Science, 37, 3, p. 630-655. doi: 10.1016/j.jas.2009.10.028

SORIANO S., VILLA P. et WADLEY L. (2009) – Ochre for the toolmaker: shaping the Still Bay points at Sibudu (KwaZulu-Natal, South Africa), Journal of African Archaeology, 7,1, p. 41-54. doi: 10.3213/1612-1651-10121

HUYSECOM E., RASSE M., LESPEZ L., NEUMANN K., FAHMY A., BALLOUCHE A., OZAINNE S., MAGGETTI M., TRIBOLO CH. et SORIANO S. (2009) – The emergence of pottery in Africa during the 10th millennium calBC: new evidence from Ounjougou (Mali), Antiquity, 83, 322, p. 905-917. doi: 10.1017/S0003598X00099245

SORIANO S., VILLA P. et WADLEY L. (2007) – Blade technology and tool forms in the Middle Stone Age of South Africa: the Howiesons Poort and post-Howiesons Poort at Rose Cottage Cave, Journal of Archaeological Science, 34, 5, p. 681-703. doi: 10.1016/j.jas.2006.06.017

PLOUX S. et SORIANO S. (2004) – Umm el Tlel, une séquence du Paléolithique supérieur en Syrie centrale. Industries lithiques et chronologie culturelle, Paléorient, 29, 2, p. 5-34. Persée.fr

RASSE M., SORIANO S., TRIBOLO C., STOKES S. et HUYSECOM E. (2004) – La séquence pléistocène supérieur d’Ounjougou (Pays Dogon, Mali, Afrique de l’Ouest) : évolution géomorphologique, enregistrements sédimentaires et changements culturels, Quaternaire, 15, 4, p. 329-341. Persée.fr

ROBERT A., SORIANO S., RASSE M., STOKES S. et HUYSECOM E. (2003) – First chrono-cultural reference framework for the West African Palaeolithic: new data from Ounjougou (Dogon Country, Mali), Journal of African Archaeology, 1, 2, p. 151-169.

  • Ouvrages et chapitres

BODU P., CHEHMANA L., KLARIC L., MEVEL L., SORIANO S. et TEYSSANDIER N. (dir.) (2013) – Le Paléolithique supérieur ancien de l’Europe du Nord-Ouest : réflexions et synthèses à partir d’un projet collectif de recherche sur le Paléolithique supérieur ancien du Bassin parisien. Journées de la Société préhistorique française, Sens, 15-18 avril 2009, Paris, Société préhistorique française, (Mémoire, LVI), 516 p.

SORIANO S. (2013) – L’impact des facteurs taphonomiques sur la connaissance du Paléolithique supérieur ancien du Bassin parisien, in P. Bodu, L. Chehmana, L. Klaric, L. Mevel, S. Soriano et N. Teyssandier (dir.), Le Paléolithique supérieur ancien de l’Europe du Nord-Ouest, Journées de la Société préhistorique française, Sens, 15-18 avril 2009, Paris, Société préhistorique française, (Mémoire, LVI), p. 21-35.

SORIANO S., ROBERT A. et HUYSECOM E. (2011) – Percussion bipolaire sur enclume : choix ou contrainte ? L’exemple du Paléolithique d’Ounjougou (Pays dogon, Mali), in V. Mourre, M. Jarry, (dir.), “Entre le marteau et l’enclume…” La percussion directe au percuteur dur et la diversité de ses modalités d’application, Actes de la table ronde de Toulouse, 15-17 mars 2004, Les Eyzies, S.A.M.R.A., (PALEO, 2009-2010, numéro spécial), p. 123-132. Revue.org

SORIANO S., RASSE M., TRIBOLO C. et HUYSECOM E. (2010) – Ounjougou: a long Middle Stone Age sequence in the Dogon country (Mali), in P. Allsworth-Jones (Ed.), West African archaeology: New developments, New perspectives, Oxford, Archaeopress, (BAR International Series, n°2164), p. 1-14.

SORIANO S. (2005) – Le Sud : une plate-forme pour le peuplement des espaces septentrionaux pendant le Pléistocène moyen récent ? in J. Jaubert et M. Barbaza, (dir.), Territoires, déplacements, mobilité, échanges durant la Préhistoire. Terres et hommes du Sud, Actes des Congrès nationaux des Sociétés scientifiques et historiques, 126ème Toulouse, 9-14 avril 2001, Paris, Éditions du CTHS, p. 63-83.


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