La plaine alluviale des périodes d’Uruk et du Dynastique Archaïque : Philologie et histoire

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Recherches sur les cités, les villages et la société des IIIe et IVe millénaires

Responsable : Camille Lecompte

Les sources écrites allant des débuts de l’écriture – époque dite de l’Uruk tardif – jusqu’à l’âge des cités rivales – Dynastique Archaïque IIIb – sont riches en informations relatives à l’organisation sociale, mais aussi, de manière plus indirecte, aux modes d’implantation et d’occupation des territoires des États.

La première perspective abordée est celle de la question de la permanence des villages et du tissu rural lors de l’âge des cités-États, généralement tenues, depuis les prospections de référence menées entre autres par H. J. Nissen et R. McCormick Adams, pour des sociétés principalement urbaines et dépourvues d’implantations rurales autour des grandes centres politiques. Grâce à une analyse affinée de la documentation du site de Telloh, anciennement Girsu, il est possible de prouver que les réseaux de village subsistèrent et que l’arrière-pays des cités resta occupé, comme on peut s’y attendre de la part de la société sumérienne. Si Girsu s’avère de ce point de vue l’exemple le plus clair de cette tendance, les recherches se penchent également sur le cas d’autres villes, plus particulièrement Nippur et Umma, cette dernière cité étant désormais mieux connue grâce aux nombreux textes récemment édités et qui devront faire l’objet d’études.

Le deuxième axe de recherche porte sur certains aspects de la société des cités sumériennes, à l’aide d’analyses prosopographiques précises. Il s’agit notamment de déterminer comment était géré l’arrière-pays des cités de l’époque du Dynastique Archaïque IIIb, en mettant en évidence les élites locales et les groupes sociaux qui, d’après les textes connus, y dépendaient des principales institutions des États. Par ailleurs, la reconstruction de l’administration et de la hiérarchie de l’État des époques de l’Uruk tardif et de Jemdet Nasr, est effectuée en cherchant à définir le rôle des principaux administrateurs d’après les tablettes archaïques, dont l’interprétation est cependant à bien des égards délicate. On sait, par exemple, que la nature même des premiers États attestés dans les sources écrites nous demeure en partie inconnue, comme le prouve la difficulté à identifier les dirigeants ou les élites à la tête de la bureaucratie naissante.

Productions récentes

Lecompte, C.

  • 2013    Zu Dörfern, Weilern und ländlichen Siedlungen : Die Entwicklung der Bezeichnungen e2 und e2-duru5, Rivista degli studi orientali LXXXVI, 103-120
  • 2015    Untersuchungen zu den Siedlungsstrukturen und ländlichen Siedlungen in der FD-Zeit. Auf der Suche nach den verlorenen Dörfern in den altsumerischen Urkunden, in : R. Dittman et G. Selz (éds.), It’s a Long Way to a Historiography of the Early Dynastic Period(s), AVO 15, Ugarit Verlag, 211-246

 

 

la Mésopotamie méridionale au 3ème millénaire

Exemple d’une tablette de Girsu

 

La Mésopotamie méridionale au début du IIIe millénaire : la période Dynastique Archaïque I-II et les textes archaïques d’Ur (vers 2700 avt. n.è.)

Responsable : Camille Lecompte

Si elle constitue un ensemble chronologiquement vaste, la période dite Dynastique Archaïque I-II constitue une phase cruciale dans l’histoire de la Mésopotamie, tant historiquement, en raison du passage des États de l’époque d’Uruk au système des cités du Dynastique Archaïque III, que culturel, notamment marquée par l’adoption d’une écriture se rapportant clairement de manière massive – et ce pour la première fois – à la langue sumérienne. En dépit de son importance, cette période reste mal documentée : la documentation écrite s’y réduit en effet pour l’essentiel aux textes archaïques d’Ur – pour un total d’environ 400 tablettes, notamment publiées par E. Burrows – auxquels s’ajoutent des documents en nombre limités d’Uruk et d’autres sites. Les recherches sur cette période ont débuté par l’édition d’un petit lot de tablettes qui n’avaient pas été intégrées dans l’édition d’E. Burrows, puis se sont poursuivies par un projet mené en collaboration avec G. Benati, Bologne, qui vise à cerner les rapports entre les documents écrits et leur contexte archéologique. Les résultats obtenus par G. Benati ont notamment permis de définir avec précision le lieu de découverte des tablettes archaïques d’Ur, dont la majorité – environ 212 textes – se trouvait en réalité dans un contexte primaire, plus précisément dans ce qui devait être une partie d’un bâtiment administratif. L’analyse des tablettes y provenant confirme notamment que cet office était responsable de la gestion de domaines agraires appartenant au temple du dieu Nanna. Ce projet vise principalement à assurer la réédition, accompagnée d’un commentaire philologique et d’une analyse historique, de toute cette documentation. Il s’agit de proposer une édition complète de ces tablettes qui permettra d’en analyser les aspects philologiques – notamment relatifs à l’état archaïque du sumérien -, graphiques et d’en tirer les informations historiques pertinentes à l’évolution des cités et à la formation du système politique des deux derniers siècles du Dynastique Archaïque.

Lecompte, C.

  • 2013    Archaic Texts and Fragments from Ur (ATFU). From L. Woolley’s Excavations at the Royal Cemetery. L Verderame (éd.). Nisaba 25. DiSc.A.M.: Messina. 210 S.+IX+IV
  • 2015         Remarques sur les textes archaïques d’Ur, Akkadica 136, 141-156

Benati, G. et Lecompte, C.

  • 2016    From Field Cards to Cuneiform Archives: Two Inscribed Artifacts from Archaic Ur and Their Archaeological Context, Zeitschrift für Assyriologie 106/1, 1-15

Coupe stratigraphique du cimetière royal par L. Woolley

Exemple d’une tablette archaïque d’Ur

Copie par l’auteur de cette tablette

 


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