Ponsonby : un nouveau faciès culturel caractérisé par de grandes pointes bifaciales il y a 4000 ans

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Responsable :
LEGOUPIL Dominique, directrice de recherches – UMR 7041 ARSCAN – CNRS

Participants au programme de Ponsonby

en France :
BERNARD Vincent, chercheur, UMR 6566 – CNRS
BERTRAN Pascal (INRAP / UMR 5199)
CHRISTENSEN Marianne, maître de Conférences, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 – CNRS
FONTUGNE Michel, ingénieur, UMR 1572 CEA-CNRS
LEFEVRE Christine, maître de conférences MNHN, UMR 5197-CNRS
LE PETZ Sébastien, chercheur, UMR 8570 – CNRS
PELLE Eric, technicien, UMR 8570 – CNRS, MNHN
MARCH Ramiro, chercheur, UMR6566 – CNRS
PIGEOT Nicole, Professeur université de Paris I Panthéon-Sorbonne, UMR 7041-CNRS
RICHARD Hervé, directeur de recherche, UMR 6565-CNRS
RODRIGUEZ Patrice, UMR 7041 – CNRS
SCHIDLOWSKY Valérie, UMR 7041 – CNRS

au Chili :

SAN ROMAN Manuel, Archéologue, CEQUA, Universidad de Magallanes (Chili)
SCHOELLAMMER Patrick, Service d’Archéologie, Neuchâtel (Suisse)
SOLARI Maria-Eugenia, Professeur, Universidad Austral de Chile (Chili)
TERRADAS Xavier, chercheur CSIC- Barcelone (Espagne)
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Ponsonby : un nouveau faciès culturel caractérisé par de grandes pointes bifaciales il y a 4000 ans

La reprise des fouilles de Ponsonby (1994/98) où Emperaire avait trouvé la mort en 1958, a permis de découvrir, en milieu maritime (sur une île), un mode d’adaptation original, intermédiaire entre les modèles typiques des chasseurs terrestres et des chasseurs marins. Ce site témoigne, en effet, au V° millénaire BP, d’une économie mixte où mammifères terrestres (les guanacos) et produits de la mer sont presque également exploités. L’équipement technique présente également des caractères mixtes : la technologie lithique évoque celle des chasseurs des steppes par le choix des matériaux (notamment l’absence d’obsidienne typique des premières populations maritimes de la région) et l’usage de grands racloirs à retouches couvrantes ; tandis que les outils et les armes en os d’oiseaux ou de mammifères marins évoquent clairement l’équipement des Indiens canoeros. Cependant, l’élément le plus typique de ce faciès, de grandes pointes bifaciales fines, allongées, parfois dentelées, n’a jamais été observé ni chez les uns ni chez les autres et reste un marqueur original de ce groupe qu’on retrouvera plus tard à Offing (fig. 5).

Figure 5. Les grandes pointes « type Ponsonby ». [1]

Les guanacos sont largement représentés dans une tourbière datée de 6 à 7000 ans, très riche en données paléoenvironnementales ; mais ils sont surtout chassés massivement, ainsi que quelques mammifères marins et oiseaux à partir de la couche C (5400/4500 BP) et dans la couche B (4500 à 4200 BP). C’est dans cette dernière que les grandes pointes font leur apparition alors que l’exploitation des produits de la mer, très limités fans la couche C, prend une importance proche de celle des guanacos. Les couches C, et plus encore B, sont postérieures de près d’un millénaire à la Culture d’Englefield. L’origine de ce faciès culturel original reste en débat : correspond-il à des chasseurs terrestres bloqués par l’ouverture d’un canal et l’insularisation de l’île Riesco (comme les groupes du début de l’Holocène en Terre de Feu), et contraints (contrairement à ces derniers) à s’adapter à la mer ; ou s’agit-il d’un groupe maritime influencé par les chasseurs des steppes proches et mettant à profit les guanacos piégés sur l’île ?


[1] Ces pointes sont caractérisées par leur longueur, leur allongement, leur minceur et, parfois, une fine denticulation des bords. Elles sont fabriquées sur des supports débités sur les plages proches et choisis pour leur morphologie. La chaîne de façonnage est entièrement réalisée sur le campement, de manière continue et très fluide, à l’aide d’un percuteur organique.


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