Alexandre Cantin

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Alexandre Cantin
Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Thèse : « Rites rupestres mésolithiques dans les grès de Fontainebleau : étude spatiale d’un territoire symbolique du VIIIe millénaire BCE»

Directeur : Boris Valentin ; Tuteurs : Colas Guéret, Médard Thiry

alex.cantin@gmail.com

https://www.researchgate.net/profile/Alexandre_Cantin

https://univ-paris1.academia.edu/AlexandreCantin

Domaines de recherche

  • Phénomène rupestre de Fontainebleau
  • Gravures sur grès (technologie, archéométrie, archéologie expérimentale, macro-tracéologie pariétale)
  • Archéologie spatiale ; territoires préhistoriques
  • Archéologie des contextes associés aux sites rupestres
  • Manifestations symboliques des derniers chasseurs en Europe
  • Premier Mésolithique

 

 

 

Mesure de dureté du grès avec un scléromètre, reproduction d’outils lithiques de gravure et expérimentation sur bloc mobile (photo de droite : E.Lesvignes).

Thèse en cours

« Rites rupestres mésolithiques dans les grès de Fontainebleau : étude spatiale d’un territoire symbolique du VIIIe millénaire BCE » sous la direction de Boris Valentin et les tutorats de Colas Guéret et Médard Thiry.

Un phénomène rupestre singulier, unique à l’échelle de l’Europe, est identifié depuis la fin du XIXe siècle dans les formations gréseuses du centre du Bassin Parisien entre Nemours (77) et Rambouillet (78) (Bénard, 2014). Regroupé sous la dénomination d’« art rupestre de Fontainebleau », il couvre un espace d’au moins 1500 km² correspondant à la zone d’affleurement des sables de Fontainebleau au sein desquels du grès s’est formé. Aujourd’hui à l’état de chaos de blocs d’âge quaternaire sur versants de vallées ou buttes sableuses, ces formations gréseuses offrent des milliers de petites cavités dont plus de 2000 sont porteuses de gravures non-figuratives composées de sillons rectilignes accumulés. Ces sillons sont majoritairement disposés en séries parallèles ou en quadrillages (Tassé, 1982), signes longtemps présumés préhistoriques. Or une reprise récente des données archéologiques confirme une pratique rupestre intense durant le premier Mésolithique, en particulier au VIIIe millénaire BCE (Guéret et Bénard, 2017) en plus d’autres témoignages s’échelonnant depuis l’époque de Lascaux jusqu’à l’actuel. Cet espace du Bassin parisien constituerait donc un vaste « territoire symbolique » (Honoré et al., 2019) durant la chronozone du Boréal dont l’étude détaillée reste à faire. Portées pendant près de 40 ans par une association d’archéologues amateurs œuvrant à l’inventaire des sites (GERSAR), les recherches bénéficient d’un nouvel engouement, structuré notamment autour d’un programme collectif du ministère de la Culture (ARBap ; coord. B. Valentin). C’est dans cette dynamique que s’inscrivent nos recherches depuis la première année de Master.

Quadrillages gravés (photo : E.Lesvignes)

Dans ce cadre, notre objectif est d’explorer enfin la dimension spatiale de ces témoignages rupestres dans le but de mieux comprendre l’organisation de ce territoire symbolique mésolithique. Encore récemment, la répartition des cavités gravées dans les chaos gréseux était supposée aléatoire faute de lois récurrentes immédiatement perceptibles. Cette hypothèse n’a cependant jamais été vérifiée à l’aide des outils désormais incontournables de l’archéologie spatiale. Pour cela, nous mènerons pour notre thèse cette approche spatiale des cavités gravées et de leurs signes grâce à la construction d’un système d’informations géographiques (SIG Géo-ARBap) qui profitera conjointement des données de la carte archéologique et d’un vaste modèle numérique de terrain obtenu récemment par LIDAR afin de documenter la topographie complexe de ces environnements singuliers. Des recherches de terrain collaboratives sont également prévues pour enrichir les axes de recherches que nous décrirons ci-dessous. Ce travail s’appuiera en outre sur l’analyse du matériau gravé, le grès des cavités, connaissance que nous avons en grande partie acquise en Master grâce à une approche expérimentale et archéométrique de sa « gravabilité » en objectivant sa dureté.

Extension du phénomène rupestre de Fontainebleau et extraits de différentes couches du SIG Géo-ARBap (images LIDAR et vue par drone d’un chaos (P.Crapet))

Notre premier axe de recherche concerne toute l’étendue de ces manifestations symboliques et consiste en une typologie affinée des signes gravés afin d’écarter, autant que possible et par divers recoupements, ceux des périodes autres que le Mésolithique. Ainsi pourra-t-on vérifier s’il existe une répartition spatiale particulière des gravures attribuables aux derniers chasseurs. On cherchera ensuite si, au sein de cette répartition générale, il existe de plus petits regroupements différenciés et structurés qui pourraient correspondre à plusieurs entités distinctes dans cette vaste zone. En parallèle, on s’intéressera aux biais taphonomiques qui peuvent altérer la distribution des cavités gravées, en particulier aux nombreuses destructions occasionnées par les carrières de grès d’âge historique dont la cartographie sera entreprise.

Au terme de cette approche d’échelle régionale, des secteurs-tests parmi les mieux conservés et les plus denses en cavités gravées se prêteront à une analyse à plus petite focale concernant les choix précis des lieux de gravure. En effet, les cavités gravées voisinent généralement avec un grand nombre qui ne le sont pas. Nous examinerons dans ces secteurs préservés (par exemple cirque de Larchant (77) ou bien haute vallée de l’Essonne (91) si la répartition des sites renvoie à des contraintes naturelles de gravabilité différentielle du grès où à d’autres choix plus culturels (par exemple topographiques).

Enfin, le croisement des données rupestres et archéologiques relatives aux diverses occupations mésolithiques directement associées aux sites gravés permettra d’étudier la relation entre ces pratiques symboliques et la vie quotidienne des derniers chasseurs. D’ores-et-déjà, les fouilles de quelques grandes cavités démontrent que des activités domestiques ont pu être réalisées en plus de la gravure de leurs parois. On s’interrogera aussi sur la présence d’habitats de plein air à proximité des concentrations de sites gravés.

En somme, l’approche multiscalaire proposée permettra de réviser une somme très importante d’observations récoltées depuis les années 1970 et de replacer enfin ce phénomène rupestre dans le contexte des particularités socio-économiques du VIIIe millénaire avant notre ère. Nous pensons particulièrement à son intégration aux débats concernant la plus grande démographie et sédentarité des groupes humains durant le Mésolithique moyen. Son articulation avec l’autre centre de pratiques rupestres possiblement contemporain du Tardenois dans l’Aisne (02) et, plus généralement, avec les différentes composantes culturelles du techno-complexe Beuronien devront aussi être abordées.

 

Parcours universitaire

2019 – en cours : Doctorat à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

2017 – 2019 : Master « Archéologie de la Préhistoire et de la Protohistoire » à Paris 1

Titre du mémoire (M1 et M2) – Approche expérimentale de l’art rupestre mésolithique des chaos gréseux du Bassin parisien : analyse du matériau gravé, techniques de gravure et engagement humain dans une pratique symbolique des derniers chasseurs.

2014 – 2016 : Licence d’archéologie à Paris 1

Bibliographie

THIRY M., CANTIN A., VALENTIN B., ZOTKINA L., ROBERT É., LESVIGNES É., BENARD A. (2020) ‒ Anthropogenic hydrological staging of an upper Palaeolithic carved shelter in Paris basin, Journal of Archaeological Science: Reports, 33, p. 102567.

CANTIN A. (2019) ‒ Approche expérimentale de l’art rupestre mésolithique des chaos gréseux du Bassin parisien (France): analyse du matériau gravé, techniques de gravure et engagement humain dans une pratique rituelle du VIIIe millénaire BCE, in G. García Atiénzar et V. Barciela González dir, Sociedades prehistóricas y manifestaciones artísticas. Imágenes, nuevas propuestas e interpretaciones, Petracos, Alicante university, p.305‑311.

GUÉRET C., CANTIN A. (2019) ‒ Quelles perspectives archéologiques aux Dégoutants a Ratard 1 (cf « Grotte à la peinture ») à Larchant (Seine-et-Marne) ? Compte rendu d’une petite opération de fouille préliminaire réalisée à l’automne 2019, in B. Valentin dir, Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien (ARBap). Étude, archivage et valorisation. Programme collectif de recherche (2018-2020)., Nanterre, UMR 7041, p.287‑308.

CANTIN A. et al. (2019) ‒ À propos de la construction des quadrillages : compte rendu du blind test concernant la lecture des chronologies de traits, in B. Valentin dir, Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien (ARBap). Étude, archivage et valorisation. Programme collectif de recherche (2018-2020)., Nanterre, UMR 7041, p.49‑84.

GUÉRET C., CANTIN A. (2019) ‒ Quelles perspectives archéologiques aux Dégoutants a Ratard 1 (cf « Grotte à la peinture ») à Larchant (Seine-et-Marne) ? Compte rendu d’une petite opération de fouille préliminaire réalisée à l’automne 2019, in B. Valentin dir, Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien (ARBap). Étude, archivage et valorisation. Programme collectif de recherche (2018-2020)., Nanterre, UMR 7041, p.287‑308.

CANTIN A. (2019) ‒ Approche expérimentale de l’art rupestre mésolithique des chaos gréseux du Bassin parisien : analyse du matériau gravé, techniques de gravure et engagement humain dans une pratique symbolique des derniers chasseurs, Mémoire de Master 2 « Archéologie de la Préhistoire et de la Protohistoire », Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 70 p.

THIRY M., CANTIN A. (2018) ‒ Aménagements hydrologiques de La Ségognole 3, in B. Valentin dir, Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien (ARBap). Étude, archivage et valorisation. Programme collectif de recherche (2018-2020)., Nanterre, UMR 7041, p.101‑146.

CANTIN A., ROBERT E., ZOTKINA L. (2018) ‒ Retour critiques sur la methode d’analyse des traces et nouvelles perspectives, in B. Valentin dir, Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien (ARBap). Étude, archivage et valorisation. Programme collectif de recherche (2018-2020)., Nanterre, UMR 7041, p.69‑93.

CANTIN A., THIRY M. (2017) ‒ Mesurer la dureté des parois de grès gravés : premiers essais, in B. Valentin dir, Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien (ARBap). Étude, archivage et valorisation. Programme collectif de recherche., Nanterre, UMR 7041, p.243‑259.