Vers une anthropologie de la pêche (II) Towards an anthropology of fishing (II) le 10 mars 2023

Journée d’étude /séminaire

Vers une anthropologie de la pêche (II)

Towards an anthropology of fishing (II)

le 10 mars 2023

MSH Mondes – Bâtiment René Ginouvès, RDJ – salle 1, Université Paris Nanterre

Organisatrices – Anne Bridault et Éva David (CNRS, UMR 7041 ArScAn)

Modératrice – Claire Houmard (Prof. Junior, Université de Franche-Comté, Besançon)

9H                    Accueil des participants

9h30-10h00 – Introduction – Anne Bridault

10h00-11h00 – Approche diachronique de l’exploitation des coquillages des côtes atlantiques françaises : de la source d’aliment à la source de revenu. A diachronic approach to shellfish exploitation on the French Atlantic coast: from food source to profit source – Catherine Dupont (CR CNRS, UMR 6566 CReAAH- Archéosciences, Université Rennes 1).

 

11h00-12h00 – Les cuillères en os, une catégorie méconnue d’engins de pêche au Mésolithique en Europe. Bone Spoons, an Unknown Category of Fishing Gear in Mesolithic Europe –  Éva David

12h30- 13h30   Pause déjeuner

13h30-14h30 – Une ethno-éthologie de la pêche : diversité mais universalité des engins de captures aquatiques. An ethno-ethology of fishing: diversity but universality of aquatic capture gear – Serge Bahuchet (Professeur, UMR 7206 Eco-Anthropologie, MNHN, Paris)

14h30-15h30 L’utilisation d’hameçons au Mésolithique scandinave – résultats pour l’Europe mésolithique. The Use of Fish in the Scandinavian Mesolithic – first results for the Mesolithic in Norway – Albane Mazet (Doctorante Université Paris Nanterre, UMR 7041- AnTeT).

15h30-16h30 – Exploitation des ressources aquatiques au Moyen Âge (Xe-XVe siècle): les données de l’archéo-ichtyologie. Fishing practices, fish farming and trade in the Middle Ages in France: contributions of archaeo-ichthyology – Aurélia Borvon (Chercheure, Labo. d’Anatomie Comparée, ONIRIS, Nantes et UMR 7041-Archéologies Environ.)

Cette journée s’inscrit dans le cadre du projet collectif ANIMA « L’animal : ressource, matière, matériau », du laboratoire ArScAn, ainsi que du cours de technologie osseuse et du séminaire doctoral de l’ED 395 de l’université Paris Nanterre.

 

 

Résumés /Abstracts

Approche diachronique de l’exploitation des coquillages des côtes atlantiques françaises : de la source d’aliment à la source de revenu. Catherine Dupont

Cette présentation a pour but de suivre les itinéraires des coquillages consommés du littoral vers l’intérieur des terres de la Préhistoire au Moyen Age. Notre enquête commence à la fin du Mésolithique le long du littoral atlantique français, il y a 8 000 ans et se termine au 12e s. ap. JC. L’étude archéomalacofaunique aborde la question du choix exercé par les populations humaines sur les ressources disponibles. Quelles sont les ressources marines consommées par rapport à celles disponibles dans l’environnement proche du site ? Les activités qui consistent à pêcher et à consommer les coquillages le long du littoral atlantique français est régulier et se poursuit jusqu’à nos jours. Une des thématiques que nous voulons aborder est celle des fluctuations de ces activités face à de grands changements sociétaux et économiques comme ceux inhérents à la néolithisation, ou à la romanisation. La distance entre le lieu de collecte et le lieu de consommation des produits de la mer est un facteur crucial dans son exploitation.

A diachronic approach to shellfish exploitation on the French Atlantic coast: from food source to profit source. Catherine Dupont

The aim of this presentation is to follow the trades of shellfish as a foodstuff from the coast inland, from Prehistory to the Middle Ages. Our investigation begins at the end of the Mesolithic period on the French Atlantic coast, 8000 years ago, and ends in the 12th century AD. The study of the archaeomalacofauna addresses the question of the choice of available resources made by human populations. What marine resources were consumed amongst those accessible in the immediate environment of a settlement? The collection and consumption of shellfish on the French Atlantic coast is a regular activity that continues today. One of the themes we wish to address is that of the fluctuations of these activities in the face of major societal and economic changes such as those inherent in the processes of neolithisation or of romanisation. The distance between the place of collection and that of its consumption of seafood is a crucial factor of its exploitation.

 

Les cuillères en os, une catégorie d’engins de pêche inconnue dans l’Europe mésolithique. Éva David

Retrouvées dans les sites mésolithiques à l’état complet et même, parfois, gravées de motifs non figuratifs, les plaquettes en os sont en général considérées comme de la parure lorsqu’elles sont aussi perforées (Lund 1951, Mikkelsen 1979). Pourtant elles montrent les caractéristiques des cuillers utilisées avec l’hameçon pour la pêche à la ligne. Cette pratique technique n’est pas même mentionnée pour la période alors que les communautés mésolithiques fondaient une partie de leur subsistance sur la capture de poissons carnassiers, notamment en Norvège. Ces espèces seraient précisément les proies ciblées par l’innovation technique qui donc apparaîtrait avec le Mésolithique. C’est afin de les discriminer des autres éléments de suspension en os avec lesquels elles partagent de nombreux attributs que les cuillers norvégiennes que nous avons premièrement reconnues à partir des séries archéologiques de Viste et de Seavarhelleren (Bergsvik & David 2015) seront présentés pour l’intérêt de la diagnose.

Bergsvik K.A. & David É. (2015). Crafting bone tools in Mesolithic Norway, a regional eastern-related know-how. Journal of European Archaeology 18(2), 25‑36

Lund, H.E. 1951. Fangstboplassen i Vistehulen. Stavanger: Stavanger Museum.

Mikkelsen, E. 1979. Seasonality and Mesolithic Adaptation in Norway. In: K. Kristiansen & C. Paludan-Müller, eds. New Directions in Scandinavian Archaeology (79–119). Copenhagen: National Museum of Denmark.

Bone Spoons, an unknown category of fishing gear in Mesolithic Europe. Éva David

Found in Mesolithic sites still complete and even, sometimes, engraved with non-figurative motives, bone plates are generally considered as adornment when they are also perforated (Lund 1951, Mikkelsen 1979). However, they show the characteristics of the spoons-baits used with fishhooks for line fishing. This technical practice is not even mentioned for the period even if the Mesolithic communities based part of their subsistence on the capture of carnivorous fish, particularly in Norway. These species would be precisely the prey which was targeted using this technical innovation that would thus appear with the Mesolithic. It is in order to discriminate them from the other suspended osseous elements with which they share many attributes that the Norwegian spoons-baits or flutters that we first recognized from the archaeological series of Viste and Seavarhelleren (Bergsvik & David 2015) will be presented for the interest of the diagnosis.

 

Une ethno-éthologie de la pêche : diversité mais universalité des engins de captures aquatiques. Serge Bahuchet

En partant de la « classification fonctionnelle » introduite par Théodore Monod (1973), cet exposé présentera les grands principes des techniques de pêche, basés sur la relation entre l’engin de pêche, le corps et le comportement de la proie aquatique. On s’appuiera sur de nombreux exemples illustrés issus de tous les continents et à travers le temps : diversité des formes certes, mais surtout universalité des processus.

An ethno-ethology of fishing: diversity but universality of aquatic capture gear. Serge Bahuchet
Starting from the « functional classification » introduced by Theodore Monod (1973), this presentation will outline the main principles of fishing techniques, based on the relationship between the fishing gear, the body and the behavior of the aquatic prey. The presentation will be based on numerous illustrated examples from all continents and through time: diversity of forms certainly, but above all universality of processes.

 

L’utilisation d’hameçons au Mésolithique scandinave – résultats pour l’Europe mésolithique. Albane Mazet

Des hameçons en os ont été fréquemment retrouvés, depuis le Mésolithique, dans les fjords norvégiens ou les zones côtières. Même si leur forme suggère leur fonction, l’étude de la fabrication des hameçons révèle les préoccupations productives et fonctionnelles des artisans. Plusieurs échelles d’analyse sont ici combinées : la chaîne opératoire permet d’identifier les étapes de fabrication ; les séquences de fabrication documentent la mise en forme de la matrice osseuse jusqu’à l’outil fini ; le concept de schéma permet d’interpréter les récurrences morphologiques et technologiques afin de comprendre précisément pour quoi ces hameçons ont été fabriqués. La comparaison des crochets norvégiens du Mésolithique moyen et récent appartenant à la même tradition techno-culturelle nous permet de renseigner la trajectoire technologique d’un outil unique. Leur production est liée à des stratégies différentes dans l’exploitation de la matrice osseuse qui étaient liées à des pratiques de pêche différentes : leurre à cuillère contre pêche à la palangre.

The use of fishhooks in the Scandinavian Mesolithic – results for Mesolithic Europe. Albane Mazet

Bone fish hooks have been frequently found, since the Mesolithic, in Norwegian fjords or coastal areas. Even if their shape suggests their function, studying how hooks were made reveals productional and functional concerns of the craftmen. Several analysis scales are combined here : the chaîne opératoire allows us to identify manufacturing steps ; the manufacturing sequences document the shaping from the bone matrix to the finish tool ; the scheme concept helps us interpreting morphological and technological recurrences in order to precisely understand for what these hooks were made. Comparing Norwegian hooks from the middle and recent Mesolithic belonging to the same techno-cultural tradition allows us to inform the technological trajectory of a unique tool. Their production is related to different strategies in the exploitation of the bone matrix which were related to different fishing practices : spoon lure versus longline fishing.

 

Exploitation des ressources aquatiques au Moyen Âge (Xe-XVe siècle) : les données de l’archéo-ichtyologie. Aurélia Borvon

L’étude des restes osseux de poissons reste une pratique relativement récente dans le contexte plus global des études archéozoologiques, et ce spécialement pour les périodes historiques. Ce déficit d’analyses ichtyologiques s’explique par l’absence de méthode de collecte appropriée (tamisage), et par la relative difficulté à identifier les différentes pièces anatomiques de ces poissons – dont le squelette est de construction différente de celle des mammifères ou des oiseaux -, sans compter la diversité de ce groupe qui nécessite des collections de comparaison conséquentes pour la diagnose. Dans l’Europe chrétienne médiévale, les prescriptions religieuses multiplient les jours de jeûne où seule la consommation d’animaux aquatiques est autorisée ; ce qui joue en faveur de la représentation des restes de poissons consommés dans certains dépôts archéologiques. A l’aide d’études de cas archéologiques (Xe-XVe siècle), divers aspects seront documentés : la consommation, les pratiques culinaires lorsque ces vestiges sont retrouvés dans des cuisines, ainsi que le statut des consommateurs. Du fait des biotopes préférentiels des différentes espèces, il est quelquefois possible de renseigner les milieux exploités, et en conséquence, les lieux de pêches. Le commerce de certaines espèces d’origine marine peut aussi être pisté à travers ces analyses ichtyologiques, de même que l’essor de la pisciculture de la carpe à la fin du Moyen Âge, en lien avec la croissance démographique, notamment urbaine.

Fishing practices, fish farming and trade in the Middle Ages in France: contributions of archaeo-ichthyology. Aurélia Borvon

The study of fish bone remains is still a relatively recent practice in the more global context of archaeozoological studies, especially for the historical periods. This lack of ichthyological analysis is explained by the absence of appropriate collection methods (sieving), and by the relative difficulty in identifying the different anatomical parts of these fish – whose skeletons are of a different construction from those of mammals or birds -, not to mention the diversity of this group which requires substantial comparative collections for diagnosis. In medieval Christian Europe, religious prescriptions multiplied the number of fasting days on which only the consumption of aquatic animals was allowed; this plays in favor of the representation of fish remains consumed in some archaeological deposits. With the help of archaeological case studies (10th-15th century), various aspects will be documented: consumption, culinary practices when these remains are found in kitchens, as well as the status of consumers. Because of the preferential biotopes of the various species, it is sometimes possible to provide information on the environments exploited, and consequently, the fishing grounds. The trade of certain species of marine origin can also be tracked through these ichthyological analyses, as well as the rise of carp fish farming at the end of the Middle Ages, in connection with the demographic growth, especially urban.

Programme à télécharger :Programme DEF2702

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