Séminaire Iconographie Animale, questions de méthode et d’iconographie

Séminaire « Iconographie Animale, questions de méthode et d’iconographie » : prochaine séance le lundi 14 février 2022, de 17h00 à 19h00, École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris, Salle d’histoire (Esc. D, 2e étage)

Armelle Fémelat : historienne de l’art, chercheuse associée au CESR (Centre d’études supérieures de la Renaissance, UMR 7323 du CNRS-université de Tours).

Les Gonzaga, précurseurs du portrait animal à la Renaissance

Dans cette présentation, je me propose d’envisager divers membres régnants de la famille Gonzaga comme des précurseurs du portrait animal aux XVe et XVIe siècles à la faveur d’une série d’effigies équines et canines.

Dans un premier temps, j’évoquerai les portraits équestres de Gianfrancesco I et de Lodovico III que Pisanello a placés sur le revers de leur médaille respectivement vers 1446-1447 puis vers 1447-1448. En prenant le temps de m’arrêter sur la figure de cet artiste complexe et fondamental, qui fut à la fois un des hérauts de l’esthétique chevaleresque, l’inventeur de la médaille artistique (soit l’art du portrait au cube) et un des précurseurs du dessin scientifique. Et en insistant sur les caractéristiques iconographiques de ces deux effigies équestres. Je prendrai aussi le temps de comparer ces deux revers de médailles du père et du fils avec les séries d’effigies équestres (sculptées, enluminées ou dessinées) des Aragon de Naples et des Este de Ferrare. Deux familles d’éleveurs de chevaux à l’instar des Gonzaga, qui ont par ailleurs été à l’origine de l’art équestre. De tels parallèles permettront de mettre en valeur les subtilités artistiques – formelles, iconographiques et stylistiques – caractérisant chacune des séries et leurs commanditaires. Puisque révélatrices, comme on le verra, tant de l’histoire de chacune de ses lignées, que de leur implication dans l’élevage équin et de leurs choix artistiques en matière de communication politique.

Dans un deuxième temps, je m’arrêterai sur la manière dont les Gonzaga ont convoqué un cheptel d’animaux dans les décors de leurs résidences princières. J’évoquerai tout spécialement les décors peints (d’Andrea Mantegna ou Giulio Romano, entre autres) mettant en scène leurs chevaux et chiens favoris dans plusieurs de leurs palais. Que je m’efforcerai de remettre en perspective avec la place que de telles bêtes ont effectivement tenue dans la vie des Gonzaga, et avec la manière dont ils se sont investis dans leur élevage, mus par la volonté d’instaurer des « razze » à leur nom. Il s’agira là notamment d’interroger la notion de portrait « animal », ces effigies animales se distinguant par le fait d’être plastiquement indépendante de toute représentation humaine.

Enfin, dans un troisième temps, je m’arrêterai sur plusieurs peintures mettant en scène un prince ou une princesse Gonzaga avec un chien d’une manière inédite : soit que l’animal s’adresse directement au regardeur – par le biais d’une posture, d’un geste et/ou d’un regard appuyé – soit qu’il donne à voir leur relation tactile et affective. L’analyse de telles images ne fera évidemment pas l’économie des éléments, nombreux, attestant la passion canine qui anima nombre de Gonzaga au XVIe siècle. Elle se placera aussi sur le terrain fructueux des apports récents de l’histoire sociale des sensibilités et de l’éthologie, permettant de mieux comprendre la nature des liens que donnent à voir de telles représentations, ainsi que leur finalité.

Cette évocation en trois temps, sera émaillée de propos méthodologiques. Je partagerai avec vous les questions que je me suis posée, les réponses que j’ai pu trouver dans diverses lectures et échanges avec d’autres chercheurs – souvent de disciplines autres que ma discipline académique, l’histoire de l’art : l’histoire politique, l’histoire sociale, l’histoire culturelle mais également la philosophie, l’anthropologie historique, et plus récemment la littérature et l’éthologie. Sans oublier les nouvelles perspectives que m’ont apportées les études animales.

 

Organisation : Stavros Lazaris (UMR8167- Orient&Méditerranée, équipe «Monde byzantin »)

Marlène Nazarian-Trochet (UMR7041 – ArScAn, équipe ESPRI-LIMC)

Margaux Spruyt (UMR8167- Orient&Méditerranée, équipe « Antiquité tardive »)

Jean Trinquier (UMR8546, AOROC)

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