BOSRA, ville millénaire aux portes de l’Arabie

Conférence de Pierre-Marie BLANC au Louvre 

Auditorium du Louvre, le 21 Juin 2018, à 12h30.

(pdf de l’annonce)

Bosra, site majeur de la Syrie du sud au cœur d’une riche plaine basaltique, est inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1980. Outre son exceptionnel état de conservation monumental, l’archéologie révèle une présence humaine continue de huit millénaires liée à une source pérenne. Dès l’Âge du Bronze Moyen, vers 1750 av. n. è. existe un vaste tell ovale ceinturé d’un rempart en appareil polygonal.
La phase nabatéenne (1er siècle av-106 de n. è.) culmine sous le roi Rabbel II avec la création du quartier Est monumentalisé par un sanctuaire dynastique ouvrant par un arc.
L’annexion romaine en 106 structure les quartiers autour de nouvelles constructions : théâtre, hippodrome, amphithéâtre, édifices thermaux, temples, forum, marché, reliés par un réseau de voies à portiques et alimentés par un aqueduc. Le camp de la Légion et son arc honorifique manifestent la présence du nouveau pouvoir au cœur de la capitale de province. Des nécropoles l’entourent.
L’époque chrétienne voit l’implantation de nombreuses églises, dont deux édifices originaux à plan centré. Le rempart est restauré et de nombreux bâtiments sont rénovés ou reconstruits, comme le prétoire en 499.
Bosra s’honore du passage légendaire du jeune Mohammad et elle sera la première ville du sud syrien conquise. La Mosquée d’Omar est alors bâtie et les Thermes du sud se transforment en hammam. Le tremblement de terre de 749, en ruinant les principales constructions antiques, fait émerger un nouveau tissu urbain dont le tracé des rues modernes est l’héritier. Le déplacement de la voie de pèlerinage à La Mecque vers l’ouest endort la cité qui apparaîtra comme une modeste bourgade aux yeux des premiers voyageurs occidentaux à l’aube du 19e siècle.
Depuis les années 1940, un ensemble de missions archéologiques syriennes et internationales s’attache à comprendre les modalités de son développement urbain et monumental, véritable conservatoire où cohabitent tradition et modernité portées par une population accueillante.

Pierre-Marie Blanc est archéologue, ingénieur de recherche hors classe (CNRS, UMR7041, Archéologies et Sciences de l’Antiquité de Nanterre), responsable de l’équipe « Archéologie du Proche-Orient hellénistique et romain ». Il a été formé au Laboratoire d’archéologie urbaine de Tours. Ancien secrétaire général de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient et directeur de la mission archéologique française du Hauran, il fouille depuis 1982 en Syrie à Bosra, mais également à Saint-Syméon et dans le Jebel ed-Druze et actuellement en Jordanie, en Arabie saoudite (Hégra, Faid et Farasan) et au Tadjikistan (Takht-i-Sangin).

 

 

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