Développements urbains et non-urbains : Oxus, Indus, Xinjiang (5e-2e millénaire)

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Cet axe de recherche vise à aborder, de manière intégrée, les phénomènes qui caractérisent, dans les sociétés agraires, le passage à l’âge du Bronze (émergence, ou non, de civilisations urbaines) d’une part et à l’âge du Fer (émergence du nomadisme pastoral monté) d’autre part, et de mettre en lumière leurs interactions et celles qu’elles entretinrent avec les groupes nomades. Les recherches sur le Bronze ont été conduites sur plusieurs fronts :

  • La civilisation de l’Oxus (Chalcolithique à l’Antiquité), son émergence comme civilisation urbaine d’Asie centrale, sa maturité, son déclin, et ce qui fait son originalité par rapport au modèle de développement moyen-oriental. Les travaux menés en Ouzbékistan, Afghanistan, Tadjikistan, Turkménistan et Iran ont révélé l’existence de phénomènes comme la pénétration des cultures moyen-orientales très loin en Eurasie. Grâce à la concentration inégalée de matériel importé (Balochistan, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan), le site de Sarazm (patrimoine mondial UNESCO) a permis des travaux novateurs sur les relations entre cette forme proto-urbaine implantée au cœur des montagnes et des cultures steppiques connues en Sibérie, d’où elles sont probablement originaires et qui connurent une vaste répartition spatiale, jusqu’au Xinjiang et dans l’Himalaya.
  • Indus-Balochistan et Protohistoire de l’Arabie (Sultanat d’Oman). L’un des objectifs est d’éclairer l’apparition de la civilisation de l’Indus, qui fait pendant à celle de l’Oxus au sud de l’Hindou-Kouch. La réouverture du terrain pakistanais et la création de la Mission archéologique du bassin de l’Indus (dir. A. Didier) ont permis des découvertes exceptionnelles sur le site de Chanhu-Daro (Sindh) où un complexe artisanal unique par son architecture et sans équivalent par l’abondance, la qualité et l’originalité du matériel collecté a été mis au jour. Les résultats préliminaires renouvellent les connaissances sur la première phase, très mal connue, de la civilisation de l’Indus et vont conduire à une remise en cause des modèles théoriques établis sur la production artisanale et les premiers développements de l’urbanisme dans la région. La MAFBI a reçu le label de l’AIBL en 2016 et 2017. Le lien reste à faire avec les recherches menées par V. Charpentier (prix Clio 2014) sur l’évolution des rivages omanais des sociétés prédatrices à l’émergence de premières sociétés complexes, notamment autour du site de Jebel Safaiq (Masirah, Bronze ancien), riche en mobilier de l’Indus. L’intégration du projet dans l’ANR NéoArabia devrait permettre de préciser les modalités d’exploitation des ressources marines et des lagunes deltaïques.
  • Xinjiang (Chine). Les fouilles et prospections dans les deltas intérieurs fossiles de la Keriya (dir. C. Debaine-Francfort), front d’exploration au sein du désert de Taklamakan, ont fourni des données inédites sur les sociétés agraires de la région et leurs contacts avec les mondes indien, chinois et centrasiatique du Bronze à l’Antiquité et permis l’établissement d’un cadre chrono-culturel de référence. Elles ont révélé les premières bribes d’une civilisation du Bronze attestant des liens inédits avec les steppes et avec le Bronze centrasiatique (Oxus). Elles fournissent un cadre de réflexion à large potentiel heuristique sur des pratiques symboliques et mortuaires touchant l’architecture funéraire, le remaniement de cadavres et la fabrication de « faux cadavres », les symbolismes sexuels, l’importance de la couleur rouge ou la question du chamanisme. L’exceptionnelle richesse des sites en vestiges organiques desséchés a généré la création d’un programme interdisciplinaire en bio-archéologie combinant sources archéologiques, iconographiques, expérimentales et ethnographiques pour nourrir une analyse systémique des sociétés centrasiatiques du Bronze aux premiers siècles de notre ère et alimenter des banques de données référentielles à l’échelle de l’Eurasie (origine des populations, textiles, fibres, colorants, costume, etc.). Des réseaux d’échanges et d’approvisionnement en matières premières indétectables à partir d’autres sources ont été révélés. Deux publications de synthèse bilingues sont en préparation ; une autre est en cours de traduction (français > chinois). Ces travaux ont été couronnés par le Prix La Recherche en 2013 et le Grand prix d’archéologie de la Fondation Simone et Cino del Duca en 2014.