La fouille, commencée en 2011, d’un grand cimetière de l’âge du Bronze, découvert fortuitement en 2008 et malheureusement pillé l’année suivante, a confirmé l’intérêt majeur du site, son ancienneté (fin IIIe –début IIe mill.) et ses liens avec le cimetière de Xiaohe (à 600 km) considéré comme un isolat culturel. Plusieurs sépultures intactes, marquées par de massifs poteaux de bois peint, ont été mises au jour, ainsi que des restes de dépôts renouvelant entièrement les connaissances sur les pratiques funéraires et symboliques aux hautes époques. Les cercueils, recouverts de peaux d’ovin ou de bovin, renfermaient des momies (parfois des mannequins) accompagnés d’offrandes en matériaux organiques excellemment préservés : branchages, vanneries, sachets de graines, arcs et flèches, objets symboliques (sceptres, phallus). L’étude du mobilier (textile notamment), de ces tombes est en cours.

La prospection a confirmé la forte spécificité de ces vestiges, mais aussi des connexions steppiques (Sibérie du Sud) venant renouveler la réflexion engagée dans l’équipe sur les interactions steppes/oasis, nomades/sédentaires. Des parallèles ont été relevés, pour la première fois, avec le Bronze de Bactriane (lithique). Le SIG amorcé en 2005 a été complété et de nouveaux traitements d’images satellitaires. A la cartographie des phases d’occupation attestées dans la Keriya se sont ajoutées les premières synthèses sur le mode de peuplement et de mise en valeur de la vallée sur environ 5000 ans, en articulation avec les recherches de l’équipe sur les milieux sensibles d’Asie centrale.

Nos dernières découvertes suggèrent l’existence, au Bronze, d’une phase de peuplement sur un immense territoire. Il convient de la caractériser plus finement afin de documenter une période encore quasiment inconnue au Xinjiang : celle des 3^e-2^e millénaires. Nous tentons aussi d’en expliquer la genèse et d’en retrouver les antécédents chalcolithiques et néolithiques.

Sélection bibliographique :

Brunet F., Debaine-Francfort C. 2012. L’espace temporairement apprivoisé : étude de cas (Ouzbékistan, Chine). In : Beaune (de) S., Francfort H. P. (éds.), L’archéologie en mouvement : Hommes, objets, espaces et temporalités, p. 158-166, 310-311. Paris : CNRS Éditions.

Debaine-Francfort C., Debaine F., Idriss A. 2010. The Taklimakan Oases : An Environmental Evolution Shown Through Geoarchaeology. In : Schneier-Madanes G., Courel M.-F. (éds.), Water and Sustainability in Arid Regions : Bridging the Gap Between Physical and Social Sciences, p. 181-202. Dordrecht, Heidelberg, London, New York : Springer Science+Business Media B.V.

Debaine-Francfort C., Debaine F., Idriss A. 2008. Man, water and environment : the successive stages of the Keriya River deltas/La Keriya dans tous ses états : modes de peuplement et paléoenvironnements. In : Haghe J.-P. (éd.), Eau, écosystèmes et développement durable en zones aride et semi-aride/Water, Ecosystems and Sustainable Development in arid and semi-arid zones. Actes de la 1ère conférence internationale WATARID (Urumqi, Xinjiang University, Chine, 9-15 Octobre 2006). Paris : publication en version CD-Rom.

Debaine-Francfort C., Idriss A., Debaine F. 2007. La Keriya dans tous ses états. Archéologie, modes de peuplement et paléoenvironnements des deltas endoréiques d’une vallée du Sud Taklamakan (Xinjiang, Chine). In : 3ème Congrès du Réseau Asie – IMASIE. Paris http://www.reseau-asie.com/cgi-bin/…

Francfort H.-P. (éd.) 2008. Archéologie et changement climatique : un patrimoine menacé. Catalogue de l’exposition au Parlement européen de Strasbourg (20-23 octobre 2008). Paris : Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, 31 p.

Keriya « Cimetière Nord » (âge du Bronze, IIIe-IIe mill. av. J.-C.)