Faïlaka : Programme de fouilles et d’études

Missions archéologiques

En 2011 la mission koweïto-française de Faïlaka a été créée et dirigée jusqu’en juillet 2014 par Sh. Shéhab (Département des Antiquités et des Musées du Koweït) et M. Gelin (CNRS-ARSCAN), avec le soutien de l’Institut français du Proche-Orient (M. Griesheimer et F. Burgat), prenant la suite de la première mission française dirigée par J.-F. Salles et O. Callot (CNRS Lyon, de 1985 à 2009). Elle a ensuite été transmise à S. Duwish (DAMK), E. Kienle (IFPO) et J. Bonnéric (IFPO). Désormais la mission est associée au Centre français de recherche de la péninsule Arabique (CEFREPAS), qui travaille dans cette région depuis 1982 et a ouvert une antenne au Koweït en 2016.
Sous la responsabilité scientifique de M. Gelin, la mission koweïto-française a mené des études de 2011 à 2018 sur l’établissement hellénistique établi sur la côte méridionale.

Vue aérienne de la forteresse hellénistique (le nord est en haut).
photo H. Al Mutairi © DAMK/MAKFF

Le site de la forteresse hellénistique

L’île de Faïlaka, située à 20 km au large (nord-est) de la ville de Koweït, se trouve sur la route maritime reliant la Mésopotamie à l’Océan indien, entre les mondes mésopotamien, arabe, perse et indien. Ses ressources en eau douce ont permis l’installation de premières populations depuis l’âge du Bronze Moyen jusqu’à aujourd’hui : treize sites archéologiques ont été recensés sur l’île depuis 1958 et étudiés par plusieurs équipes internationales.
À l’époque hellénistique, l’île portait le nom d’Ikaros qui, d’après Arrien, aurait été ainsi baptisée par Alexandre le Grand. Les Séleucides ont très tôt exploité sa position stratégique, fondant une forteresse datée par la précédente mission française des environs de la fin du 4e-début du 3e siècle av. J.-C., principalement sous le règne d’Antiochos 1er (281-261). L’établissement a perduré jusque vers le début du 1er siècle av. J.-C. Il comprenait également, hors les murs, un petit temple d’Artémis et un bâtiment où ont été découverts de nombreux moules de figurines en terre cuite. À l’exception d’un temple, l’ensemble des constructions, fortifications incluses, a été bâti au moyen de soubassements de petits moellons liés à la terre, soutenant des élévations en moellons ou en en briques crues.
Dès la première période, outre ses remparts et le fossé qui protège l’ensemble, la forteresse comprend deux temples, le plus grand étant caractéristique de l’architecture grecque avec des apports décoratifs de type achéménide. Nos recherches ont pu associer au moins un puits aux débuts de la forteresse.
Nous avons également modifié l’appartenance d’une partie des constructions aux six périodes d’existence du site et, particulièrement, avons affiné le phasage grâce notamment à l’étude fine de la stratigraphie et de l’architecture couplée aux techniques de construction. Nous avons mis au jour divers états traduisant des alternances d’abandons, de réfections, d’agrandissements des fortifications, ou de rétrécissement de voie de circulation. Cette évolution des remparts montre que, sur un laps de temps relativement court, la forteresse et ses systèmes de défense ont connu une activité intense, témoins de la vie tumultueuse des petites communautés qui se sont succédé. Vers la fin de son existence, l’aspect militaire de la place forte a finalement disparu au profit d’un petit village à l’habitat dense.
Dans la perspective maintenant proche de la publication finale de nos résultats, nous consacrons un important volet de notre activité à l’étude du site et du mobilier archéologique. Nous espérons pouvoir achever certaines opérations qui nous permettraient de finaliser l’enchaînement chronologique de la stratigraphie, spécialement pour la première période qui a été le principal objet de cette première phase de nos études.
Enfin, depuis 2011 nous menons à la forteresse un programme de préservation de l’ensemble des vestiges exhumés depuis plus de trente ans, mais n’avons pas eu la possibilité d’appliquer la planification générale sur le long terme que nous avions établie. Nous sommes intervenus principalement à travers de nombreuses opérations de conservation d’urgence. Divers tests de matériaux, applicables sur une grande échelle, ont été menés afin de déterminer les solutions les plus durables, dans le respect des vestiges.

Détail du décor architectural du temple principal. Photo vers 1960 © Mosgaard Museum Aarhus

Puits (le nord est en haut), photo H. Al Mutairi © DAMK/MAKFF

Membres participants APOHR :
– Gelin Mathilde, archéologue, CNRS (2007-2009, responsable 2011-2018) ;
– Abdul Massih Jeanine, archéologue, Université libanaise (2012) ;
– Al Shbib Shaker, archéologue (2009).

Autres membres :
Terrain :
– Al Mutairi Hamed, photographie aérienne, Département des Antiquités et des Musées du Koweït (2013-2018) ;
– Baier Steffen, topographe (2012-2013) ;
– Bendakir Mahmoud, architecte-préservation du site (2012) ;
– Couturaud Barbara, archéologue, IFPO (2012-2016) ;
– Deb Ahmad, archéologue, Direction des Antiquités et des Musées de Syrie (2009) ;
– Devaux Emmanuelle, architecte-préservation du site (2013-2017) ;
– Gelin Jean-Michel, archéologue (2009 ; 2011-2018) ;
– Guichard Yves, photographie aérienne (2009) ;
– Humbert Jean, dessinateur (2011-2018) ;
– Thomas Yohann, archéologue, Inrap (2014).

Mobilier archéologique :
– Ala El Dine Abdallah, céramologue (2009, 2011-2012) ;
– Alami Sara, préservation (2012-2014) ;
– Bergès Elsa, coroplaste (2019) ;
– Bernel François, préservation (2009-2012) ;
– David-Cuny Hélène, dessinatrice (2012-2018) ;
– Durand Caroline, céramologue (2014-2015) ;
– Houal Jean-Baptiste, céramologue (2016-2018) ;
– Monchot Hervé, archéozoologue (2016) ;
– Palme-Koufas Anna, dessinatrice (figurines) (2017-2018).

Étudiants :
– Boucard Jordan (2016) ;
– Contant Louise (2015-2016) ;
– Imbert Malika (2009) ;
– Khawam Rana (2013).

BIBLIOGRAPHIE :

– Série de la mission danoise : Ikaros. The Hellenistic Settlements, Aarhus, 1983-1989.

– Série de la précédente mission française (périodes bronze et hellénistique confondues) : Faïlaka. Fouilles françaises, Lyon, 1984-2008.

– Callot O., “Faïlaka à l’époque hellénistique”, L’Arabie préislamique, 1989, p. 127-144.

– Hannestad L., “Danish archaeological excavations on Failaka”, Arabie orientale, Mésopotamie et Iran méridional, de l’âge du Fer au début de la période islamique, Paris, 1984, p. 59-66.

– Hannestad L., « On the Periphery of the Seleucid Kingdom: Failaka Revisited », New Perspectives in Seleucid History, Archaeology and Numismatics, Studies in Honor of Getzel M. Cohen, R. Oetjen ed., Berlin-Boston, De Gruyter, 2019, p. 312-332. https://doi.org/10.1515/9783110283846-019

– Galliano G. (éd.), L’île de Faïlaka, Archéologie du Koweït, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon/Somogy éditions d’art, 2005.

– Gelin M., Gelin J.-M., Couturaud B., Houal J.-B., Monchot H., “The integration of the island of Ikaros into “international” and regional networks”, The spatiality of networks in the Red Sea and Western Indian Ocean, C. Durand, J. Marchand, B. Redon, P. Schneider éd., Lyon, MOM Éditions, 2022 http://books.openedition.org/momeditions/16386

– Gelin M. (éd.), Kuwaiti-French Expedition in Faïlaka. The Hellenistic Fortress (Tell Saïd). Preliminary Scientific Report 2009, Koweït, 2012. 128 p., éd. NCCAL du Koweït. Avec des contributions de Ala El Dine A., Deb A., Gelin. M., Gelin J.-M., Al Shbib Sh., Shehab Sh. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03139002v2/document. Édité en langue arabe :  2009 عام الأولي التقرير .(سعيد تل) الهلنستية لحصن, لحصن الهلنستية (تل سعيد)ز التقرير الأولي عام, 2016, éd. NCCAL du Koweït.

– Gelin M., “New French-Kuwaiti research in the Hellenistic fortress of Failaka-Ikaros”, Excavation and Progress Reports (8th International Congress on the Archaeology of the Ancient Near East 2), P. Bielinski, M. Gawlikowski, R. Kolinski, D. Lawecka, A. Soltysiak, Z. Wygnanska eds, Wiesbaden, 2014, p. 87-100. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03035169/document

– Gelin M., « Conservation et mise en valeur du patrimoine archéologique au Proche-Orient : quelques réalisations de missions archéologiques », Journal of Historical, Philological and Cultural Studies 27-1, En l’honneur des 75 ans de Guénnadi Andréïévitch Koshelenko, Académie des Sciences de Russie, Moscou-Magnitogorsk-Novossibirsk, 2010, p. 62-84, pl. 1. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03010389/document

Carnets :

– Devaux E., Préservation de la forteresse hellénistique de Faïlaka : premiers pas et solutions d’urgence http://ifpo.hypotheses.org/6231

– Gelin M., De retour de mission… Faïlaka au Koweït (5) http://cefas.cnrs.fr/spip.php?article657

– Gelin M., De retour de mission… Faïlaka au Koweït (4) https://ifpo.hypotheses.org/7321

– Gelin M., De retour de mission… Faïlaka au Koweït (3) http://ifpo.hypotheses.org/6123

– Gelin M., De retour de mission… Faïlaka au Koweït (2) http://ifpo.hypotheses.org/4929

– Gelin M., De retour de mission… Faïlaka au Koweït (1) http://ifpo.hypotheses.org/2908

– Gelin M., Histoire de la forteresse http://mafkf.hypotheses.org/histoire-de-la-forteresse

– Gelin M., Les recherches de la MAFKF http://mafkf.hypotheses.org/forteresse-les-recherches-de-la-mafkf

– Gelin M., Culture matérielle et vie quotidienne http://mafkf.hypotheses.org/forteresse-culture-materielle-et-vie-quotidienne