Sites gréco-bactriens

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Programme de fouilles et d’études

 

Depuis 2019 nos études se concentrent sur sept sites archéologiques d’époque gréco-bactrienne (3e-2e s. av. J.-C.), formant un ensemble exceptionnel qui devrait nous aider à mieux comprendre la civilisation qui les a fait naître, ses modes d’implantation sur le territoire, ses pratiques défensives, culturelles, techniques. Tous ayant connu des occupations postérieures, nous chercherons également à comprendre leur fin (confrontation avec les nomades qui ont envahi la région au 2e s. av. J.-C. ?) et, pour certains d’entre eux, leur évolution vers la période kouchane (1er s. av. J.-C.-3e s. ap. J.-C.).

Ces sites sont établis dans la région de Dangara, à une vingtaine de kilomètres du cours de la rivière Vakhsh. Ils se situent à quelques kilomètres les uns des autres, ce qui leur offrait un contact visuel direct, et le mobilier céramique et en pierre qui y a été retrouvé permet de les associer à une même culture. Installés à proximité immédiate de cours d’eau, la plupart d’entre eux ont été fondés sur les contreforts de la montagne Gulizindon au nord de la vallée du Tayr Su, et deux sont dans la plaine, Zol-i Zard et Mazar Todjeddine (ce dernier d’époque kouchane). On ignore encore la nature exacte de ces sites (forteresses, sanctuaires, simples bourgades ?).

À ce jour, Zol-i Zard est le seul d’entre eux à ne pas être réoccupé par un village ou un cimetière ; sondé à plusieurs reprises par des archéologues tadjiks (E. Denisov et T. Filimonova), il a révélé en parties basses du mobilier gréco-bactrien, puis médiéval (probablement samanide, 9e-10e s.) et moderne (18e s.). En 2019 et 2020, nous avons pu procéder à son levé topographique et, en 2021, à de premières fouilles. De forme approximativement rectangulaire, le site est cerné de murailles en terre crue (pahsa) préservées jusqu’à 10 m au-dessus du point le plus bas et comprend plusieurs proéminences (tépés) qui représentent des accumulations de vestiges archéologiques. L’un d’eux (tépé c) recouvre une résurgence d’eau qui est probablement ancienne et témoigne d’un système élaboré d’adduction d’eau, toujours en fonctionnement. Nous nous concentrons en priorité sur la fouille de la porte sud-ouest, de la tranchée nord-est et de la « citadelle », un grand tépé situé dans la partie nord du site. Nos prochaines campagnes (dès 2022) verront l’étude du système d’adduction d’eau et la recherche de son lien éventuel avec les sites des contreforts.

Les recherches sont menées dans le cadre de la Mission archéologique franco-tadjike du Tadjikistan méridional, soutenue par OrAM, par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, par le laboratoire Géops de l’université Paris Saclay, par l’Académie des Sciences du Tadjikistan, par l’Institut d’Histoire, Archéologie et Ethnographie de Douchanbé, par l’ambassade de France au Tadjikistan.

Membres participants OrAM :
– Gelin Mathilde, archéologue, CNRS (2019-2022) ;
– Blanc Pierre-Marie, archéologue, CNRS (2019) ;
– Ghasemi Parsa, archéologue (2022).

Membre participant ARSCAN :
– Bordeaux Olivier, numismate, archéologue, CNRS, équipe Archéologie de l’Asie centrale (2021-2022).

Autres participants :
– Abdulloev Sarvar, topographe, Institut national unitaire de projets d’entreprise de Douchanbé (2019-2020) ;
– Ashurmadov Islom, archéologue, chercheur à l’IHAET (2021-2022) ;
– Davtian Gourguen, géomaticien, CNRS, Laboratoire Cultures et Environnements Préhistoire, Antiquité, Moyen-Âge UMR7264, équipe Dynamique des peuplements et des paysages (2021-2022) ;
– Filimonova Tatiana, archéologue, Institut d’Histoire, Archéologie et Ethnographie de Douchanbé (2019-2022) ;
– Karaev Asleddine, archéologue, doctorant, chercheur à l’IHAET (2021-2022) ;
– Lambert Rémi, géophysicien, Laboratoire Géops, Université de Paris Saclay ;
– Saintenoy Albane, géophysicienne, Maître de conférences, Laboratoire Géops, Université Paris-Saclay (2022) ;
– Sultanmamadov Shambe, topographe, Institut national unitaire de projets d’entreprise de Douchanbé (2019-2020) ;
– Yakubov Yusufsho, archéologue, Académie des Sciences du Tadjikistan (2021-2022) ;
– Zeyen Hermann, géophysicien, Professeur, Laboratoire Géops, Université Paris-Saclay.

BIBLIOGRAPHIE :

– Denisov E. P., 1979, « Отчёт о работе Дангаринского отряда в 1974 г. » [Rapport sur le travail de l’équipe de Dangara en 1974], Археологические работы в Таджикистане [Travaux archéologiques du Tadjikistan] 14, 1979, p. 214-230.

– Denisov E. P., 1993, « Изучение памятников античного времени на территории Дангаринского района (работы 1984 г.) » [Étude de sites d’époque antique dans le district de Dangara (travaux de 1984)], Археологические работы в Таджикистане [Travaux archéologiques du Tadjikistan] 14, 1993, p. 273-282.

– Denisov E. P., 2010, « Изучение памятников античного времени на территории Дангаринского района » [Étude de sites antiques sur le territoire du district de Dangara], Археологические работы в Таджикистане [Travaux archéologiques du Tadjikistan] 24, 2010, p. 273-282.

– Denisov E. P., Yakubov Yu., Археологические памятники средего течения реки Вахш (По материалам раскопок и разведок древних и средниевековых памятников в Дангаринском и Нурекском районах) [Sites archéologiques du cours moyen de la rivière Vakhsh (d’après le matériel tiré des fouilles et des prospections de sites anciens et médiévaux dans les districts de Dangara et de Nurek)], Mémoire universitaire, Faculté d’Histoire, Université de Douchanbé, 1973.

– Filimonova T. G., Akhmetzianov M. R., 2009, « Поисковые работы по составлению археологической карты Дангаринского района в 2009 году » [Travaux de prospection pour la carte archéologique du district de Dangara en 2009], Археологические работы в Таджикистане [Travaux archéologiques du Tadjikistan] 35, p. 57-114.

– Gelin M., 2022, « Mission archéologique du Tadjikistan méridional. Nouvelles recherches en 2019-2020 », Культурное наследие Таджикистана в археологической и междисциплинарной интерпретации. Сборник статей в честь юбилея Татьяны Германовны Филимоновой [Le patrimoine culturel du Tadjikistan, interprétation archéologique et pluridisciplinaire. Recueil d’articles en l’honneur de l’anniversaire de Tatiana Germanovna Filimonova], éd. G. R. Karimova, Douchanbé, p.149-164. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03258080v1

– Yakubov Yu., Khudjageldiev T., Kurbanov Sh., 2010, « О работах Кулябского археологического отряда на городище Золи Зард в 2008 г. », [À propos des travaux de l’équipe archéologique de Kulyab sur la colonie de Zoli Zard en 2008], Археологические работы в Таджикистане [Travaux archéologiques du Tadjikistan] 34, p. 247-284.

Zol-i Zard, plan topographique levé par Sh. Sultanmamadov et S. Abdulloev 2020. © Mission Tadjikistan méridional.

Montagne du Gulizindon vue depuis le rempart oriental de Zol-i Zard. Photo M. Gelin © Mission Tadjikistan méridional.


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