Hégra-Madâ’in Sâlih : La ville nabatéenne

Le premier objectif de la mission archéologique française à Hégra, créée en 2001 et dirigée par L. Nehmé, a été de faire un relevé exhaustif des installations funéraires du site en vue d’une publication complète et finale. Les nécropoles rupestres avaient été explorées en 1907 par les pères A. Jaussen et R. Savignac qui en ont fait une remarquable publication, mais partielle cependant.

Hégra. Tombeaux (photo J.-M. Dentzer)

Hégra. Tombeaux (photo J.-M. Dentzer)

Les tombeaux à façades rupestres sont les monuments les plus visibles et les plus connus de Hégra. Un plan complet du site a été levé, de même que les plans et coupes de chaque tombeau, accompagnés d’une couverture photographique. Lors de la mission de décembre 2003, une analyse méthodique de chaque tombeau a été faite par J.-P. Braun (architecte), J.-C. Bessac (taille de la pierre) et J. Dentzer-Feydy (décor architectural) pendant que I. Sachet étudiait les installations funéraires. Depuis cette mission, nous travaillons en commun à la publication monographique de l’ensemble des installations funéraires du site, sous la direction de L. Nehmé. Le catalogue et sa maquette d’illustrations graphiques et photographiques sont prêts et les textes en cours de finition.
Le second programme engagé par la mission est plus proprement archéologique et a pour but l’exploration de l’agglomération. En 2006 se sont achevées les campagnes, conduites ces dernières années par L. Nehmé, de relevés sans fouille, collecte de matériel de surface, prospection épigraphique, prospection géophysique.

Bol nabatéen peint, milieu du Ier siècle av. J.-C.

Bol nabatéen peint, milieu du Ier siècle av. J.-C.

Elles ont permis — outre leurs résultats scientifiques — de constater l’extraordinaire potentiel à fouiller sur ce site parfaitement protégé et encore peu visité, au demeurant en cours d’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce potentiel est particulièrement impressionnant pour la ville habitée, intra muros, parfaitement délimitée (65 ha) par une muraille de briques crues sur fondations de pierres. L’extrême densité du bâti, et son organisation originale — rues radiales, et éléments passablement concentriques — sont révélées par la prospection géophysique d’A. Kermorvant. Les sondages conduits par l’archéologue saoudien D. al-Talhi dans les années 1990 et en 2002 ont confirmé ce constat. Ils ont notamment exhumé une inscription latine complète, datée de 175-177 apr. J.-C., qui indique à la fois une réfection du mur d’enceinte, la présence dans la ville de la IIIe légion Cyrénaïque, l’existence d’une civitas des Hégréniens, et la présence à sa tête, d’un chef, primus, Amr, fils de Hayan.

Tous ces facteurs ont conduit l’équipe française existante, conduite par L . Nehmé, et les autorités saoudiennnes à souhaiter l’ouverture d’un programme de fouilles quadriennal franco-saoudien. F. Villeneuve a été contacté dès fin 2005 pour codiriger la partie française avec L. Nehmé, la partie saoudienne étant placée sous la direction de D. al-Talhi, directeur de la recherche au Vice-Ministère des antiquités. Deux brèves missions sur le terrain et à Riyadh, fin 2005 et fin 2006, ont convaincu F. Villeneuve que cette occasion de fouiller le plus célèbre site saoudien et la seconde ou troisième ville nabatéenne devait être saisie. Le programme quadriennal a été accepté fin 2006 par la DGCID du Ministère des Affaires Etrangères.
Les deux premières campagnes de fouilles sur l’agglomération, sous la direction de L. Nehmé, F. Villeneuve et de D. Tahli, directeur des fouilles d’Arabie Saoudite, ont eu lieu pendant les hivers 2008 et 2009. Les questions posées sont d’ordre chronologique (origine et durée d’existence), d’une part, et, d’autre part, d’ordre morphologique (organisation des axes de circulation, types d’édifices intra muros).

Bibliographie
NEHMÉ L., ARNOUX TH., BESSAC, J.-C., BRAUN, J.-P., DENTZER J.-M., KERMORVANT A., SACHET I., THOLBECQ L., avec une contribution de RIGOT, J.-B. 2005. Mission archéologique de Madâ’in Salih (Arabie saoudite) : recherches menées de 2001 à 2003 dans l’ancienne Hijrâ des Nabatéens (1). Arabian Archaeology and Epigraphy, 16, p. 1-84.
BRAUN J.-P., DENTZER-FEYDY J., DENTZER J.-M., DR. ABU AL-HASSAN H.A. (sous presse). Le tombeau n° 20 de Hegra (Medaïn Saleh), Arabie Saoudite. In : Mélanges Fawzi Zayadine.
DENTZER J.-M. (sous presse). Espace urbain et environnement dans les villes nabatéennes de Pétra, Hégra et Bosra. In : Actes du colloque de la SFAC Archéologie et environnement, décembre 2003, Dumasy F. et Queyrel F. éd.
NEHMÉ L., (en préparation 2009), Les monuments funéraires nabatéens de l’antique Hégra, Arabie Saoudite, avec la participation de J.-M. Dentzer et J. Dentzer-Feydy.

Responsables : L. Nehmé (UMR 8167) et F. Villeneuve.

Participants de l’UMR : J. Dentzer-Feydy., S. Eliès, J. Rohmer

Participants associés : Th. Arnoux (topographe, Toulouse), C. Augé (IFPO), J.-C. Bessac (IFPO), J.-P. Braun (Ec. d’architecture de Belleville), J.-M. Dentzer (membre de l’Institut), A. Kermorvant (univ. Tours), I. Sachet (archéologue), L. Tholbecq (univ. Laval, Canada)