David Codeluppi

David CODELUPPI

Thèmes de recherches

La technologie lithique et l’adaptation ou/et l’évolution du comportement technique en milieu tropical humide à la charnière pléistocène/Holocène

La particularité de la préhistoire d’Asie du Sud-est tient à sa géographie morcelée et au grand nombre de biotopes concernés. Cela se traduit par une multiplicité des formes d’implantations humaines quant à la stratégie d’établissement des sites, aux lieux préférentiels d’acquisition des matières premières, à la diversité floristique et faunistique de chaque île, aux zones de chasse, etc. (Forestier and Patole-Edoumba 2000). Les industries lithiques sont empreintes de ces variations et les groupes paléolithiques ont dû adapter leurs techniques de taille en fonction de ces paramètres.

Dans un contexte climatique changeant, durant la fin du pléistocène début de l’holocène, le contexte culturel de l’Asie du Sud-est semble se scinder en deux, les assemblages lithiques nous démontrent un fort contraste dans leurs productions. D’une part la partie continentale de l’Asie du Sud-est (Chine, Laos, Cambodge, Malaisie continentale, Sumatra) dominé par le techno-complexe Hoabinhien, qui se manifeste entre -40 000 et -3 000 BP (Forestier, Zeitoun et al. 2013, Ji, Kuman et al. 2015, Forestier, Sophady et al. 2017, Zeitoun, Auetrakulvit et al. 2019). D’autre part la partie insulaire (est), où une grande hétérogénéité des productions lithiques est observée (Patole-Edoumba and Forestier 2000, Reynolds 2007, Marwick, Clarkson et al. 2016, Reynolds 2016, Brumm, Hakim et al. 2018). Bornéo situé entre ces deux mondes techniques pourrait être un lieu de transition en termes de production lithique (Forestier & Grenet 2019). Les industries lithiques de Bornéo n’ont produit pour l’instant aucun assemblage Hoabinhien, bien que des outils (uniface) découverts dans l’ouest de Bornéo, Gua Sireh, pourraient être affiliés à ce type de productions (Reynolds 2013). Ces variations sont-elles issues d’une contrainte culturelle et/ou environnementales ?

Objectifs

L’objectif de la thèse consiste à réétudier, réévaluer et hiérarchiser sur un plan diachronique ces productions régionales selon une approche techno-typologique afin de faire des comparaisons inter et intrasites.

Le Sabah présente des industries particulières en fonction du type de sites, où se côtoie un façonnage de biface, des industries sur éclat, et même des productions (micro-) lamellaires. Les choix techniques imposés par l’homme dans des environnements variés devraient montrer une récurrence dans les techniques utilisées, mais aussi l’efficacité de certaines, la pérennité ou l’abandon d’autres moins adaptées.

Longtemps restés en marge, ces systèmes techniques demandent aujourd’hui à être davantage détaillés pour mettre en exergue la diversité des comportements techniques, les innovations de productions « émergentes » et leur diffusion à longue distance dans l’Archipel indonésien. Notre approche technologique des industries lithiques du Sabah permettra de déterminer dans quelle mesure, l’impact de l’environnement a pu aussi jouer un rôle dans les choix culturels et les conditions d’émergence. Pour cela, nous tiendrons compte des déterminismes géographiques, écologiques et du choix des matières premières accessibles pour la taille (silex, obsidienne, calcaire, quartz, etc.).

L’étude technologique des industries lithiques du Sabah permet de créer un référentiel qui servira à des comparaisons au vu d’une synthèse sur les comportements et l’adaptation humaine en contexte tropical humide. Le Sabah est pris ici comme un laboratoire et les sites préhistoriques comme autant d’études de cas. Ceci permettra de déterminer si les industries lithiques de la région suivent une loi logique d’adaptation ou/et d’évolution sur le temps long. Autrement dit, si une ou plusieurs lignées techniques ont été retenues chez les chasseurs-cueilleurs qui ont peuplé les forêts du Sabah. Afin de créer ce modèle de comparaison intrasites, nous opterons pour une étude des sites selon une vision synchronique et diachronique dans un environnement similaire. Puis, nous intégrerons des occupations dont le paléoenvironnement est différent.

La recherche s’articulera autour de trois axes principaux :

– Construction d’une typologie lithique propre à l’aire d’étude (élaborer un référentiel des types d’outils rencontrés : travail qui manque encore dans la zone pour effectuer des comparaisons inter/intra sites).

– Détermination de l’évolution/l’adaptation des techniques de taille au Sabah (détermination des chaînes opératoires).

– Création d’un modèle pour de futures comparaisons et évaluations.

Mots-clefs 

Paléolithique, Pléistocène final, lithique, Asie du Sud-Est, Malaisie, Bornéo, Technologie lithique

Parcours

  • Depuis 2020 : en thèse de doctorat sous la codirection du Professeur Eric Boëda et du Professeur Hubert Forestier : titre de la thèse : contribution à la connaissance de la préhistoire indo-malaise : Etude des industries lithiques entre 50 000 et 5 000 BP au Sabah.
  • 2010-2020 : expérience professionnelle pour diverses compagnies d’archéologie préventive en Suisse et Angleterre.
  • 2010 : Master en Science à l’université de Genève (Suisse) au sein du département d’archéologie préhistorique : L’industrie lithique de Jalieza : période IIIa (early classic), Oaxaca, Mexique sous la direction de la Professeur Marie Besse.

Principales publications

Codeluppi D. (2019) ‒ To what extent did geographic determinants and cultural choices influence lithic technology systems? Presentation of the methodology chosen for my future PhD project, in ADVANCING SOUTHEAST ASIAN ARCHAEOLOGY 2019, Bangkok, Thailand, SEAMESEAMEO SPAFA Regional Centre for Archaeology and Fine Arts 81/1 Sri Ayutthaya Road, Dusit Bangkok 10300, ThailandO SPAFA Regional Centre for Archaeology and Fine Arts  p.173‑183.

Hubert Forestier, Yuduan Zhou, Heng Sophady, Yinghua Li, David Codeluppi, Prasit Auetrakulvit, Valéry Zeitoun (2022) ‒ The first lithic industry of mainland Southeast Asia: Evidence of the earliest hominin in a tropical context, L’Anthropologie, 1524, 1, p. 3.